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compromettre les intérêts du roi. » L’assemblée tenait bon cependant dans son droit de n’accorder une subvention qu’après en avoir déterminé elle-même et le chiffre et la nature. Le premier ministre dut céder et laisser le clergé décider par quelle voie on parferait les 600,000 livres ; mais, soit qu’il cherchât à l’aide d’un moyen détourné à s’assurer une plus forte somme, soit qu’il voulût parer à la diminution de la subvention qu’amèneraient les non-valeurs, Richelieu exigeait que les sommes que fourniraient les diverses mesures adoptées par le clergé fussent intégralement versées au trésor royal. L’assemblée n’était nullement de cet avis. Agir ainsi c’était ouvrir plus large la porte aux violences, aux abus fiscaux dont se plaignaient précisément les cahiers et qui s’étaient fort accrus depuis quelques années. Les officiers et commis auxquels la levée des impôts était confiée prétendaient soumettre les bénéficiers à des contributions et des taxes qu’ils ne devaient pas. Quoique l’assemblée de 1625 eût obtenu un arrêt du conseil consacrant pour les ecclésiastiques l’exemption de la taille à laquelle on avait essayé de les assujettir, les agens du fisc ne renonçaient pas à leurs tentatives ; ils molestaient de mille façons le clergé pour le contraindre à payer une foule d’impôts réclamés de lui par une interprétation abusive des édits bursaux. Il importait à l’assemblée que ce don de 600,000 livres, qui dépassait tout ce qui avait déjà été acquitté en décimes extraordinaires, ne procurât pas au gouvernement le moyen d’exiger encore davantage. Au train dont allaient les choses, disaient les députés, le clergé se trouverait à tout jamais engagé à servir à l’état la subvention qu’on ne lui demandait que temporairement, comme cela était arrivé pour celle qui garantissait les rentes de l’Hôtel de Ville de Paris et les rentes de la ville de Toulouse accordées par des assemblées précédentes. Ils remontrèrent donc au cardinal ce qu’avaient d’intolérable l’oppression à laquelle les partisans soumettaient les bénéficiers sous couleur de droits de francs-fiefs et de nouveaux acquêts, les vexations des officiers du roi, qui faisaient force procédure pour obliger les ecclésiastiques à la garde et arrière-ban, les agissemens du parlement qui condamnait les évêques et les privait de leurs revenus, sous prétexte qu’ils n’avaient point obtenu leurs bulles du saint-siège. Richelieu ne s’en émut pas et ne revint pas sur sa détermination. Il assura seulement l’assemblée de son attachement à l’église, et de son intention de veiller à l’avenir à ce qu’on n’accablât pas le clergé. Les députés durent se contenter de ces assurances et de celles que le roi leur donna de son côté ; elles ne faisaient point au reste illusion aux plus clairvoyans, et voici les réflexions que consigne à ce sujet l’historien de cette assemblée, l’abbé de Saint-Josse : « Je ne puis celer mes sentimens pour tristes et funestes que je les aie, et quand j’ai entendu la