rester désarmé ! qu’il ne garde pas le droit de réprimer les abus, de redresser les fausses directions, de stimuler et de surveiller le développement de l’instruction en France ; mais supprimer n’est pas gouverner, et, si l’on veut mettre l’Université en mesure de lutter contre de puissantes influences, le meilleur moyen n’est pas de l’isoler dans un monopole reconstitué en la délivrant des émulations utiles. Le meilleur moyen c’est de fortifier l’Université, d’intéresser le corps enseignant tout entier à cette grande entreprise, de populariser les établissemens de l’état, par la sûreté des méthodes, par une instruction généreuse faite pour élever l’esprit de la jeunesse à la hauteur de tous les devoirs. C’est ainsi qu’on servira l’enseignement et la république elle-même, qu’on ne fait souvent que compromettre par des guerres de parti et des agitations stériles.
La vie est dure pour tout le monde. Elle est laborieuse pour la France, elle l’est aussi pour bien d’autres états qui se flattent d’être plus heureux parce qu’ils ont été moins atteints par la mauvaise fortune. Elle n’est pas exempte de troubles pour la Russie et pour l’Allemagne elle-même, l’une et l’autre agitées de sourdes menées révolutionnaires qui vont jusqu’au meurtre. La vie est laborieuse enfin pour l’Europe tout entière qui, en dehors des embarras intérieurs de chaque pays, a le grand et légitime souci de la paix générale à sauvegarder et à dégager sans cesse d’une multitude de complications.
Cette question de la paix, elle semble renaître chaque année au printemps ; elle se reproduit d’autant plus naturellement aujourd’hui que l’Europe est loin d’être délivrée des affaires d’Orient, que la diplomatie se trouve au contraire en face de deux difficultés ou de deux échéances prochaines qui n’en font qu’une : la nécessité de compléter l’exécution du traité de Berlin et l’évacuation de la Bulgarie par les troupes russes, demeurées depuis la fin de la guerre la dernière garantie d’un certain ordre matériel dans la région des Balkans. Jusqu’ici, l’application de ce traité de Berlin où l’Europe a mis ses espérances de paix ; a suivi son cours tant bien que mal, plutôt mal que bien. Les conditions les plus faciles à exécuter ont été, cela va sans dire, celles qui répondaient aux intérêts ou aux ambitions des grandes puissances engagées. L’Autriche a pris son lot ; elle est entrée en Bosnie et en Herzégovine, elle s’y est établie ; elle ne demande pas mieux que de s’y retrancher, d’étendre son occupation, de s’assurer une issue vers Salonique et la mer Egée. L’Angleterre s’est installée à Chypre, elle a pris possession de son influence dans l’Asie-Mineure. La Russie est restée provisoirement en Bulgarie, profitant de sa position au nord des Balkans pour régler d’un côté ses affaires avec la Roumanie, pour disposer d’un autre côté de cette région du sud des Balkans qu’on a appelée la Roumélie orientale et qui est censée devoir relever encore de la suzeraineté turque.