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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 32.djvu/842

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mais où l’on s’efforcerait au contraire de les placer le plus tôt possible en liberté provisoire, soit en service domestique, soit dans des ateliers bien choisis qu’elles quitteraient chaque soir pour revenir coucher dans l’établissement. On les mettrait ainsi de bonne heure, après avoir fait l’épreuve de leur repentir et de leur bonne volonté, dans les conditions où elles sont destinées à vivre un jour, et on leur éviterait ce brusque passage de la vie claustrale à la vie libre, qui est aussi dangereux pour les jeunes filles de dix-huit à vingt ans, que le serait pour une plante délicate la brusque transplantation d’une serre chaude dans un jardin glacé. Nous verrons tout à l’heure avec quel succès la Société de patronage des jeunes détenus de la Seine a mis ce système en pratique, et le succès obtenu par cette Société permet de recommander l’extension du système non-seulement aux congrégations religieuses qui dirigent des établissemens d’éducation correctionnelle, mais à celles qui tiennent des orphelinats et dont quelques-unes au reste sont déjà entrées dans cette voie.


III

Sauf une courte visite dans le quartier des prévenues et des condamnées adultes de Saint-Lazare, je ne me suis occupé depuis le commencement de cette étude que des jeunes filles au-dessous de seize ans. Il me reste à parler du traitement pénitentiaire auquel se trouvent soumises celles qui sont âgées de seize à vingt et un ans. Lorsque nous nous sommes enquis de la condition faite à la catégorie des jeunes adultes dans les établissemens affectés aux hommes, nous avons vu qu’un quartier spécial était réservé dans la maison centrale de Poissy à ceux d’entre eux qui ont été condamnés à une peine correctionnelle, et, ainsi groupés, nous avons pu faire de ces jeunes gens le sujet de quelques observations particulières. Les maisons centrales de femmes ne nous offrent point la même facilité, car elles ne contiennent point de quartiers de jeunes adultes, et, si nous voulons savoir quelle condition est faite dans ces maisons aux jeunes Parisiennes, il nous faut franchir le seuil de l’une d’entre elles et en étudier avec quelque détail le régime et l’organisation. Bien que cette étude puisse paraître dépasser les limites de mon sujet, je ne crois pas devoir reculer devant elle, ne fût-ce que pour donner à mes lecteurs le moyen de contrôler l’exactitude des récits qu’ils ont pu lire dans des œuvres d’imagination. Un de nos romanciers modernes les plus féconds a placé dans une maison centrale de femmes le dénouaient d’un récit attachant