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LA
COMMUNE A L'HOTEL DE VILLE

II.[1]
LES NOVATEURS;


I. — LA MANIFESTATION DES FRANCS-MACONS.

Malgré ses fanfaronnades, ses proclamations et les ordres du jour où elle affichait la certitude de vaincre, la commune était loin d’être rassurée. Elle se savait battue partout, sur les champs de bataille aussi bien que dans l’opinion publique. Elle avait beau chanter victoire, les jours de son existence étaient comptés ; elle ne l’ignorait pas. Aussi ne repoussait-elle aucune des interventions qui s’offraient, dans l’espoir de parvenir à traiter avec ce gouvernement de Versailles qu’elle affectait de mépriser si fort, mais dont elle connaissait la puissance et dont elle redoutait l’action prépondérante. Il est donc fort probable que c’est elle qui, par ses membres affiliés, mit en œuvre la manifestation maçonnique, manifestation restreinte à laquelle on essaya de donner un caractère menteur d’universalité et dans laquelle le gouvernement de l’Hôtel de Ville comptait plus d’un adhérent. En un mot, elle tenta de compromettre la maçonnerie tout entière et de la rattacher à la commune. Il est inutile de dire qu’elle échoua en ceci comme en toutes choses, car sa courte et trop longue domination sur Paris ne devait être qu’une suite de déceptions pour elle-même et de désastres pour la population.

Dès le 11 avril, quelques francs-maçons, agissant

  1. Voyez la Revue du 15 mai.