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secours et le déterminer à un accommodement. Soubise répondit au duc de Nemours, qui lui transmit cette nouvelle, qu’il attendrait des lettres de la reine et du roi adressées à lui-même. Le roi et la reine lui écrivirent, Soubise différa sa réponse et continua sa défense.

La paix se fit à Orléans le 22 mars, elle fut envoyée à Nemours, qui la fit publier dans son camp et en donna avertissement à Soubise.

Un coup imprévu de la fortune avait mis fin à la guerre. Guise avait été enseveli dans son triomphe. A la veille d’entrer en vainqueur dans Orléans, il avait été tué par Poltrot de Méré. On sait que, mis à la question, l’assassin chargea De Bèze, Coligny et Soubise. L’amiral ne trouva pas au-dessous de lui de répondre à des accusations mensongères. Le temps répondit mieux qu’il ne fit lui-même et le rangea non parmi les assassins, mais parmi les victimes. Soubise, encore enfermé dans Lyon, car il s’y tint encore trois mois après la publication de la paix, ne put joindre son nom à la protestation datée de Caen (le 12 mars 1563) et signée de Châtillon, de La Rochefoucauld et De Bèze. Il protesta à part, à Moulins, quelque temps après que l’innocence de l’amiral eut été proclamée. Les présomptions contre Soubise étaient beaucoup plus fortes que contre l’amiral. Méré était parent de La Renaudie : il avait été page du sieur d’Aubeterre, père de Mme de Soubise; il était fort bon soldat, il avait fait avec Soubise le voyage périlleux d’Orléans à Lyon ; pendant le siège de Lyon, il avait montré un courage téméraire. Il parlait, sans cesse de tuer M. de Guise, contre lequel il nourrissait un grand ressentiment depuis l’entreprise d’Amboise, « mesmes durant un parlement que le sieur de Soubise faisait, avec M. de Nemours, dans un parc près de Lyon, comme il estoit parmi les troupes dudit sieur de Nemours où tout le monde le congnoissolt, il vit passer un cerf et leur dist : Voulez-vous que je vous monstre comment je feray à M. de Guise? et en disant cela luy tire une harquebusade par la teste, et le tue, car il estoit fort juste harquebusier. » Ces propos étaient si souvent répétés qu’on n’y voyait qu’une bravade.

Soubise dépêcha Méré à Mme de Soubise ; le voyage était hasardeux. Méré réussit pourtant à trouver M nie de Soubise, qui lui donna une lettre pour son mari. Elle l’avertissait qu’on voulait la faire prisonnière avec sa fille et les mener devant les murs de Lyon pour le déterminer à rendre la ville. Elle se déclarait prête à souffrir mille morts plutôt que de le détourner de son devoir.

Méré porta cette lettre à Lyon; il eut encore des missions vers Viret et à Genève vers Calvin. Après la bataille de Dreux, Soubise, qui n’avait que des détails incomplets, l’envoya à l’amiral. Coligny