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D. le modèle de canon et d’affût portant le n° 225. Le citoyen D. sera responsable de ce modèle jusqu’à la réintégration au musée. Le membre de la commune directeur général du matériel de l’artillerie : AVRIAL. — Ce modèle ne peut sortir du musée, copiez sur place. » L’indication du numéro était erronée, ce qui permit au conservateur de ne rien « confier » au citoyen D.

Avant Parisel, avant Avrial et Assi, le père Gaillard, cordonnier atteint de barricadisme aigu, avait proposé son plan. Dans la séance de la commission des barricades, présidée le 12 avril par Rossel, le citoyen Gaillard demande « que les égouts soient coupés dans le fossé et minés en avant de la barricade, » les barricades n’ayant d’autre but que de prouver à l’ennemi et à la population « que pour prendre Paris, il faudra le détruire, maison par maison. » On discute scientifiquement la question, qui se résume à découvrir le moyen le plus prompt et le plus énergique de faire sauter Paris. Après quelques pourparlers, on tombe d’accord : « La commune décide que la conservation des tuyaux du gaz et de l’eau sera assurée jusqu’au moment de l’attaque, aussi bien que celle des égouts qu’il n’est point nécessaire d’ouvrir pour les miner. Elle répudie absolument, comme trop lente, toute construction ou fouille de galerie de mine, mais elle admet que des fourneaux de mine seront faits au fond et sur le côté des égouts, et arrête ainsi qu’il suit leur position et leur charge : Premier fourneau à vingt mètres en avant du fossé, 40 kilogrammes de poudre ; deuxième fourneau à douze mètres plus loin, charge 100 kilogrammes ; troisième fourneau à douze mètres plus loin que le second, charge 100 kilogrammes, et ainsi de suite, si les circonstances le permettent. Chaque fourneau devra être amorcé séparément. » C’est à cela que Rossel, capitaine du génie, ancien élève de l’École polytechnique, occupait ses loisirs sous la commune.

Pendant que ces hommes construisaient théoriquement des fourneaux de mine, qu’ils recherchaient le pétrole et les produits chimiques, qu’ils tentaient de copier des modèles de canons revolvers, ils prenaient la population fédérée à témoin de leur douceur angélique et accusaient « Versailles » de se servir d’engins de guerre prohibés par les conventions internationales. Par une singulière coïncidence, le jour même où Parisel appelle à lui les chimistes et les ouvriers en instrumens de précision, le colonel d’état-major, gouverneur du fort de Montrouge, que je ne nommerai pas, car il a été l’objet d’une ordonnance de non-lieu, termine son rapport en disant : « Nous avons dans les mains la preuve irrécusable que l’armée de Versailles fait usage de balles explosibles. » Vieille calomnie dont on s’était déjà servi contre l’Allemagne et qu’on