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Le docteur fut plus heureux que son complice Assi ; il put échapper aux recherches de la justice ; il est un des membres de la commune que l’on crut tués dans la bataille des rues. Le bruit de sa mort se répandit et persista. On se trompait ; les gens capables d’inventer de tels outils se battent peu, et excellent à déguerpir. Parisel, jugé par contumace, fut condamné à mort ; mais en faisant une enquête sur ses antécédens, sur sa conduite pendant le siège et pendant la commune, on fit quelques découvertes dont la cour d’assises eut à s’occuper. Au mois de mai 1872, il fut, par défaut, frappé d’une peine de vingt ans de travaux forcés pour attentat à la pudeur avec violence et avortement consommé. Il paraît être coutumier du fait, car si l’on en croit un journal, il a été condamné au mois d’avril 1877, en Amérique, à New-Jersey, pour un fait absolument analogue[1]. Il y a là peut-être une indication précieuse à recueillir pour les moralistes qui cherchent à comprendre ou à deviner quelle constitution la commune aurait donnée à la famille, si les forces légales du pays n’étaient venues interrompre ses délibérations et ses expériences.


II. — LES INCENDIAIRES.

Si la commune n’a réussi qu’imparfaitement dans la fabrication de son outillage militaire et scientifique, il faut reconnaître que cela ne l’a pas empêchée d’accomplir une des œuvres de destruction les plus furieuses que jamais l’histoire ait eu à enregistrer. Sous ce rapport, elle reste hors de pair ; mais il ne lui fallut ni savoir, ni courage ; à l’aide d’une bouteille de pétrole et d’une allumette, un enfant peut brûler une maison. Il n’y a donc pas de quoi être fier, et « les forces terribles que la science met au service de la révolution, » comme disait Paschal Grousset, n’ont rien à voir en tout ceci. Ce fut facile, bête et méchant. Le projet d’incendier Paris a-t-il été délibéré en séance secrète de la commune ou du comité du salut public ? on n’en sait rien. Nul document ne permet de l’affirmer, quoique l’article de Jules Vallès : Si M. Thiers est chimiste, semble prouver une détermination discutée et arrêtée. La seule pièce authentique placardée sur les murs de Paris, ou tout au moins insérée dans le dernier numéro du Journal officiel, en date du 24 mai, est celle-ci : « Le comité de salut public arrête : Art. 1. Les persiennes ou volets de toutes les fenêtres demeureront ouvertes. Art. 2. Toute maison de laquelle partira un seul coup de fusil où une agression quelconque contre la garde nationale sera immédiatement brûlée. Art. 3. La garde nationale est chargée de

  1. Voir la Nation du 7 mai 1877.