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étant à bout de nourriture est privés de toutes soldes qui permette aux gardes qui sonst en ce moment au fort de Vincennes, solde servant à nourrir leurs familles, le clonel commandant soussigné après s’en être entendu avec les officiers de la garnison qui sonst tous de Vincennes et des environ a déclaré remettre entre les main des officiers dûment autorisés de S. M. I. R. allemande le dit forts dans les condition d’armement et de matériel où il se trouve actuellement sous la réserve qu’il sera distribué aux officiers qui en feront la demande des passeports pour se rendre hors de France, sous la garantie de la dite Majesté, que la garnison sortira en arme et que nul citoyen de Vincenne ne sera inquiété pour avoir pris la défense du fort. Quanst au colonel soussigné, il reste prisonnier de sa majesté allemande à qui il confie sa famille et sa vie. — Après lecture du présent, les soussignés tous les officiers de la garnison de Vincennes déclarent qu’ils demandent que le colonel Faltot jouisses des mêmes avantages que ceux qui sont mentionnés ci-dessus est d’autres parst. » Douze signatures d’officiers précèdent la dernière. « Le colonel commandant le fort, J. FALTOT. »

C’est ainsi que devaient finir les hommes de la fédération, de la guerre à outrance et des sorties torrentielles : à plat ventre devant l’ennemi.

C’est là le dernier acte, le testament de la commune ; il la complète et lui donne sa vraie physionomie. Traître au pays jusqu’à la minute où elle expire, préférant tout à la France, dont elle n’a pu s’emparer. Les Allemands rejetèrent sans même y répondre la proposition du citoyen gouverneur. Dans la matinée du lundi 29 mai, le lieutenant-colonel Montels, à la tête de quelques hommes, fit mine d’attaquer le fort dont les portes semblèrent s’ouvrir d’elles-mêmes. Pendant que Faltot essayait d’introduire les Prussiens dans une place qu’ils n’avaient aucun droit d’occuper, et offrait ainsi la mesure du patriotisme de la commune, les chefs de l’insurrection, loin de suivre les généreux conseils de Rastoul, abandonnaient leurs soldats et fuyaient pour se soustraire aux arrêts mérités de la justice. Parmi les membres de la commune, bien peu eurent à s’asseoir sur la sellette des conseils de guerre ; la plupart ont pu se réfugier à l’étranger, y porter leur rancune et y formuler leurs projets de revanche. Le repentir, ou simplement le regret, les a-t-il pénétrés ? J’en doute ; les programmes qu’ils ont délibérés nous prouveront bientôt que ni la défaite, ni le châtiment, ni l’indulgence ne sont parvenus à modifier ces hommes, qui resteront des révoltés tant qu’ils ne seront pas des maîtres.


MAXIME DU CAMP.