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plusieurs groupes pétrologiques distincts. Le basalte par exemple, que l’on considérait avec Cordier comme un mélange constant de feldspath, de pyroxène, d’olivine et de fer oxydulé, est parfois, comme l’a montré Zirkel, composé d’associations minéralogiques différentes ; c’est pourquoi il a fallu scinder ce groupe et en rapporter les subdivisions à des variétés de roches diverses.

Le microscope a permis aussi de reconnaître la fréquence dans la nature de certains minéraux que l’on croyait y être d’une extrême rareté. Ainsi la néphéline, silicate en petits prismes hexagonaux, que jadis on avait recueillie seulement dans quelques gisemens exceptionnels, est maintenant reconnue comme très abondante dans plusieurs roches ; elle est même l’élément principal et le plus caractéristique de quelques-unes d’entre elles ; la tridymite, variété particulière de silice cristallisée, aperçue naguère exclusivement dans deux ou trois gisemens, pullule tellement dans plusieurs roches volcaniques qu’elle en forme pour ainsi dire la trame. Depuis longtemps les analyses chimiques avaient décelé dans presque toutes les roches éruptives la présence de petites quantités d’acide titanique et d’acide phosphorique, mais on ignorait entièrement à quel état se trouvaient ces acides ; les anciennes déterminations minéralogiques n’en pouvaient rendre compte. Les observations microscopiques ont donné la clé de l’énigme ; en effet, dans la plupart des roches elles ont fait apercevoir, répandus çà et là au milieu d’autres élémens cristallins plus abondans, deux minéraux, le sphène et l’apatite, le premier possédant de l’acide titanique et le second de l’acide phosphorique dans leur composition. Au point de vue agronomique, la dissémination universelle de l’apatite dans les roches cristallines est un fait qui mérite au plus haut degré d’attirer l’attention. Ce minéral est la source première naturelle des phosphates que recèlent les graines des céréales, et par suite c’est lui qui fournit en réalité aux animaux le phosphore, élément chimique indispensable à la constitution de leurs tissus.

Il est un problème minéralogique qui depuis longtemps préoccupe tous ceux qui s’intéressent à la philosophie des sciences naturelles, c’est celui du développement de la cristal Unité dans une substance primitivement amorphe. Le microscope apporte son puissant concours à la solution de la question. Il montre que certains corps passent brusquement de l’état amorphe à l’état cristallisé, tandis que d’autres au contraire présentent des états intermédiaires qu’il apprend à connaître ; à cette seconde catégorie de produits appartiennent la silice et ses composés, c’est-à-dire la plupart des minéraux qui font partie intégrante des roches. Dans les roches volcaniques par exemple, on voit à l’aide du microscope les différens