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Les inclusions aqueuses sont des preuves indéniables du rôle que l’eau a joué dans la cristallisation du minéral qui les renferme. Si on les observe seules, on peut affirmer que la cristallisation a été opérée au sein d’une dissolution dans l’eau. Si, dans les mêmes minéraux, elles sont accompagnées d’inclusions vitreuses, il est tout aussi certain que la cristallisation s’est opérée à très haute température, mais en même temps que l’eau a coopéré au phénomène. Enfin la présence de l’acide carbonique liquéfie dans les minéraux de quelques roches démontre que, dans ce cas, la cristallisation s’est opérée sous une pression considérable.

Ainsi le microscope rend compte des conditions qui ont présidé à la genèse des minéraux.

Une autre conquête précieuse de la géologie micrographique a été la détermination exacte des élémens intégrans des roches. Celui qui pour la première fois examine au microscope une lamelle mince taillée dans un caillou quelconque demeure le plus souvent émerveillé devant la multitude et la variété des élémens qui frappent son regard. Souvent, plus la roche considérée à l’œil nu semblait compacte et plus elle se montre alors riche en matériaux cristallins. La pâte des porphyres, que l’on regardait jadis comme un magma informe, apparaît comme une agglomération de myriades de cristaux. La matière qui fait le fond des roches volcaniques, matière d’apparence homogène, même quand on l’observe à la loupe, devient un riche tissu de minéraux divers lorsqu’on l’examine avec un grossissement suffisant au microscope. Il n’est pas une roche cristalline dans laquelle cet instrument ne fasse découvrir ainsi une quantité souvent innombrable d’échantillons cristallisés demeurés jusqu’alors tout à fait inaperçus. Hâtons-nous de dire cependant que les études nouvelles n’ont pas grossi la liste des minéraux connus. Avec une sagesse dont il faut leur savoir gré, les pétrographes modernes ont évité dans les cas douteux de créer des espèces nouvelles et ils en ont été récompensés, car toujours ils sont arrivés en définitive à rattacher les cristaux microscopiques à quelqu’un des types classiques antérieurement établis. Mais si jusqu’à présent ils n’ont trouvé dans les préparations microscopiques aucun minéral nouveau, en revanche ils ont expulsé des classifications minéralogiques un certain nombre d’espèces qui n’étaient que des agrégats de minéraux divers.

Une fois la spécification des substances cristallines opérée, il s’agissait de constater leur distribution dans les roches. C’est alors que des surprises incessamment renouvelées sont venues frapper les observateurs. La plupart des roches ont offert une constitution différente de celle qu’on leur supposait auparavant ; souvent on a dû les classer d’une manière nouvelle ou les rattacher à