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leurs fragmens ont été dispersés au sein du magma qui les renferme ; tantôt on les aperçoit encore dans une lamelle mince, assez peu distans les uns des autres pour qu’on y puisse reconnaître les parties disloquées d’un même échantillon. Des corrosions profondes attestent aussi quelquefois l’influence d’actions chimiques énergiques, ou témoignent de l’intervention d’une température plus élevée, capable d’avoir en partie refondu les cristaux formés.

Le second temps de consolidation a produit une nouvelle poussée cristalline. Parfois il en est résulté une solidification complète de la roche. Ainsi, par exemple dans le granit, les feldspaths et le mica produits durant la première période de formation de la roche sont englobés et moulés par le quartz qui s’est solidifié pendant le second temps. Le même fait s’observe dans la plupart des roches engendrées durant les anciens temps géologiques. Mais il n’en a pas été de même pour un certain nombre de porphyres et pour la plupart des roches volcaniques. Ici, la seconde phase de consolidation n’a pas été complète ; elle a donné naissance à un immense développement de cristaux, mais une certaine quantité du magma initial est encore demeurée à l’état de matière fondue et ne s’est solidifiée que postérieurement.

Les cristaux du second stade sont dans ce cas de très petites dimensions, ce qui leur a fait donner le nom de microlithes ; le microscope seul permet de les apercevoir. Ils ont été produits dans un liquide en mouvement ; leur petitesse extrême suffirait presque pour justifier une telle conclusion, car l’expérience a depuis longtemps montré que toute cristallisation fournit en général des élémens d’autant plus ténus qu’on la trouble davantage, mais leur disposition démontre le fait d’une manière tout à fait convaincante. Dans les coupes minces, on les voit alignés suivant des directions déterminées, contournant les cristaux du premier stade et s’allongeant dans leurs intervalles sous forme de traînées fluidales. Ils ont été évidemment charriés dans des courans microscopiques, à la manière des morceaux de bois que l’on fait flotter à la surface des rivières, et maintenant on les observe dans la situation qu’ils occupaient au moment de la solidification définitive de la roche. Rien de plus intéressant que ce tableau ; en l’observant, on est tenté de se croire témoin de phénomènes qui pour certaines roches se sont passés il y a peut-être des millions d’années.

Les laves des volcans modernes présentent aussi des exemples très nets de la structure qui vient d’être décrite ; les microlithes y fourmillent et s’alignent en longues traînées dans lesquelles sont épars les cristaux du premier stade. Une petite quantité de matière vitreuse, interposée entre tous ces élémens cristallins, s’est figée