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commune, mais ils n’étaient et n’ont jamais été que des révolutionnaires de la pire espèce, prêts à tout, pourvu qu’ils puissent arracher un lambeau du pouvoir et y draper leur incurable vanité. Le patriotisme égaré ? qu’a-t-il à faire avec les complots de l’Hippodrome et de l’Opéra-Comique, en juin et juillet 1853 ? J’y retrouve Jules Allix, qui déjà a été arrêté pendant l’insurrection de juin 1848 et qui sera membre de la commune ; j’y retrouve aussi Joseph Ruault, qui sera de toutes les sociétés secrètes, de toutes les échauffourées et que ses complices fusilleront au charnier de la rue Haxo. Le 15 juillet 1869, les détenus politiques de Sainte-Pélagie envoient la lettre suivante aux députés de Paris : « Les soussignés, en présence de la conduite des députés de Paris, devant l’ordonnance de prorogation du corps législatif, voyant leurs craintes justifiées, accusent hautement ces députés d’avoir manqué à leur mandat, et requièrent d’eux leur démission immédiate. » Dix noms signent cette sommation peu respectueuse ; j’y lis ceux d’Emile Duval, Raoul Rigault, Théophile Ferré, Charles Amouroux, Gustave Flourens ; deux généraux et trois membres de la commune. Est-ce la honte de nos défaites et la colère contre la cession de deux de nos provinces qui fomentent le complot dont le dénoûment éclate en juillet 1870 devant la haute cour de Blois ? Là on voit apparaître les fabricans de bombes au picrate qui ne sont pas destinées aux Prussiens. Les accusés sont nombreux ; parmi ceux qui les défendent, je compte Protot, qui sera délégué à la justice, et Peyrouton, qui sera chargé de « l’éclairage » de Paris pendant la commune. L’état-major de celle-ci est à Blois et prête l’oreille aux bruits inquiétans qui viennent des frontières. Voilà Dereure, Ferré, Cournet, qui seront membres de la commune ; voilà Grômier, du comité central ; Tony Moilin, délégué au VIe arrondissement ; Fontaine, directeur des domaines et séquestre des biens du clergé ; Garreau, directeur du dépôt et de Mazas ; voilà Sapia, quijsera tué le 22 janvier 1871 sur la place de l’Hôtel-de-Ville ; Joly, le directeur de la manufacture des tabacs ; Verdier, aide de camp de La Cécilia ; voilà Guérin qui, modestement, sera huissier, et Razoua, qui sera lieutenant-colonel d’état-major ; voilà Greffier, qui sera le commandant des Vengeurs de Flourens, le chef de la garde prétorienne de Rigault et de Ferré, qui signera de sa griffe l’ordre d’exécuter un homme dont il ne sait même pas le nom. Au cours de l’accusation, on entend parler de Raoul Rigault, de Gambon, — l’homme à la vache, — de Tridon, d’Arthur Arnould, tous membres de la commune ; de Jaclard, de Rousseau, du comité central ; de Gois, qui présidera la cour martiale et viendra lui-même, le 26 mai, chercher à la Grande-Roquette les prêtres et les gendarmes qui doivent