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l’Herzégovine, à étendre et à fortifier les élémens slaves dans l’empire. Libéral d’opinion et d’instinct, il n’a pas peu contribué à rendre au parti militaire de Vienne un ascendant qui n’a fait que s’accroître depuis l’entrée des armées impériales en Bosnie et qui se manifeste par l’occupation de Novi-Bazar. Le comte Andrassy se serait récemment montré satisfait, assure-t-on, d’avoir réussi à replacer l’Autriche dans des relations de cordialité avec l’Allemagne et avec la Russie, d’avoir contribué à renouer l’alliance des trois empires. Le chancelier hongrois est un homme à l’esprit trop fin et trop sceptique pour se payer de mots, pour se méprendre sur la valeur de cette alliance qu’il laisse à un successeur le soin de cultiver. Quel sera ce successeur? Le comte Karolyi aurait été d’abord désigné et il aurait refusé; ce serait maintenant, dit-on, le baron Haymerlé, ambassadeur de l’empereur François-Joseph à Rome. Dans tous les cas, le comte Andrassy ne quitterait les affaires que dans quelques jours, peut-être dans quelques semaines, et avant tout il vient d’aller à Gastein, où il a eu avec M. de Bismarck une entrevue qui n’avait vraisemblablement d’autre objet que la politique des deux cours de Vienne et de Berlin; mais quels sont, d’un autre côté, à l’heure qu’il est, les rapports de M. de Bismarck lui-même avec Saint-Pétersbourg? que signifie réellement tout ce tapage de polémiques acrimonieuses engagées depuis quelque temps entre les journaux allemands et les journaux russes? On ne peut assurément voir dans ces polémiques le signe de combinaisons nouvelles méditées par M. de Bismarck, pas plus qu’on ne peut chercher un lien entre tous ces incidens et la retraite du comte Andrassy. Ce qui est certain, c’est que tout ce qui se passe aujourd’hui en Autriche, comme en Allemagne, comme en Russie, est assez mystérieux, assez incohérent, et ce qu’il y a de plus curieux, c’est que ceux qui donnent au monde cette énigme à déchiffrer ne savent probablement pas plus que les autres le secret de ce qui se passera demain.


CH. DE MAZADE.


ESSAIS ET NOTICES.
Histoire de l’École centrale des arts et manufactures depuis sa fondation jusqu’à ce jour, par M. Ch. de Comberousse, professeur de mécanique à l’École centrale. Paris, 1er 79. Gauthier-Villars,


L’École centrale des arts et manufactures a été fondée en 1829 par l’initiative privée. Devenue en 1857 établissement de l’état, elle a continué à marcher dans la voie où elle avait rencontré le succès ; on peut donc dire qu’elle fonctionne depuis un demi-siècle. Pendant ces cinquante