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décerna le même honneur à l’autre archevêque expulsé, Octave de Bellegarde, qui était venu reprendre son siége à l’assemblée, mais qui ne devait plus vivre que quelques mois, et le quitta pour cause de maladie.

L’archevêque de Toulouse se montra très touché de l’acte de réparation dont il était l’objet. Pour mettre le sceau à sa réhabilitation, la compagnie le pria de donner devant elle une relation de ce qui s’était passé à l’assemblée de Mantes. Il le fit en termes dignes, mais énergiques, ne craignant pas de comparer ce qui avait eu lieu alors au brigandage d’Éphèse. Il stigmatisa la conduite des prélats qui avaient, selon lui, abusé le roi. Il ne manqua pas de rappeler qu’aux derniers jours de sa vie, Louis XIII avait témoigné du repentir de ce qu’on l’avait entraîné à faire, et écrit aux évêques pour lesquels il s’était montré si dur, afin de les assurer de son estime et de ses regrets. La relation fut écoutée avec faveur ; on en décida l’insertion au procès-verbal. Quand la compagnie aborda la délibération sur ce qu’elle avait à faire touchant les décisions qu’on avait arrachées du clergé à Mantes, Montchal s’apprêta à sortir de la salle. Comme sa personne était intéressée en cette affaire, il ne voulait pas être juge et partie ; mais ses collègues, tout d’une voix, lui dirent de demeurer afin qu’ils pussent profiter de ses lumières dans une discussion dont son rapport devait faire la base. La compagnie fut unanime pour approuver la conduite qu’avaient naguère tenue les prélats et la résistance qu’ils avaient opposée aux injonctions arbitraires d’un ministre peu scrupuleux. On décida donc que l’archevêque de Toulouse serait officiellement remercié du zèle et de la fermeté avec lesquels il avait soutenu l’honneur et la dignité du clergé, et, pour effacer la flétrissure infligée aux prélats qui avaient eu le courage de tenir tête à Richelieu, on décida que ceux d’entre eux qui n’avaient point été réélus députés, et qui se trouvaient alors à Paris, seraient priés de prendre place à l’assemblée et d’y donner leurs bons avis, et qu’on inviterait par lettres ceux qui étaient hors de la capitale à venir jouir du même privilège. On alla plus loin ; l’un des prélats expulsés, l’évêque de Bazas, était mort depuis sa disgrâce ; l’assemblée voulut qu’il fût considéré comme étant décédé dans l’exercice et la possession du titre de député, et l’un des membres de la compagnie, l’éloquent Godeau, évêque de Vence, fut chargé de prononcer son oraison funèbre. Enfin, pour donner plus d’éclat et de publicité à cette solennelle réparation, l’assemblée arrêta que la lettre qui avait été écrite par le feu roi à l’archevêque de Toulouse, le 25 avril 1643, et qui portait témoignage de sa bonne conduite, ce sont les expressions mêmes dont on se servit, serait insérée dans le procès-verbal de la présente assemblée et également imprimée. On voulut qu’une copie en fût faite pour