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néraux. C’était, disait-elle, le seul remède aux maux dont souffrait le pays. L’assemblée du clergé n’hésita pas à s’engager plus avant dans la voie où elle s’était laissé attirer. Ses délégués, d’accord avec ceux de la noblesse, se prononcèrent en faveur d’une réunion prochaine des trois ordres de la nation. L’assemblée qui siégeait aux Gordeliers, soutenue par le duc d’Orléans et le prince de Condé, la demandait pour le mois d’août ou les premiers jours de septembre. Anne d’Autriche, effrayée de ces manifestations, céda ou plutôt fit mine de consentir. Elle promit pour le 1er octobre la tenue des états-généraux à Tours ; elle ordonna même qu’on rédigeât les lettres de convocation. Les gentilshommes se séparèrent, et quelques jours après, au commencement d’avril, l’assemblée du clergé prononça la clôture d’une session qui s’était prolongée près d’une année. Mais les états-généraux ne furent pas réunis. Le parlement redoutait qu’ils ne lui enlevassent le pouvoir qu’il s’était arrogé, Anne d’Autriche n’en voulait pas. Mazarin, après un exil qui semblait le triomphe de ses ennemis, revint aussi puissant que par le passé, et, sans rien rabattre de ses prétentions, sans changer notablement de sentimens pour le cardinal, l’épiscopat comprit la nécessité d’apporter plus de modération dans ses actes, de ne point compromettre les intérêts de l’église en les associant de trop près aux menées des partis dont les récens événemens avaient montré la fragilité. Le clergé ne se mêla donc guère aux agitations qui suivirent la rentrée en France de Mazarin, malgré les efforts du cardinal de Retz, en quête d’auxiliaires pour ses convoitises. En septembre 1652, alors qu’une réaction se produisait à Paris en faveur du roi et que l’opinion se prononçait pour son retour dans cette ville, l’ambitieux prélat, voulant se faire honneur de la paix que tous les gens sensés demandaient à grands cris, entraîna le clergé dans une manifestation en ce sens, et conduisit à Pontoise une députation d’ecclésiastiques ; mais il ne trouva qu’un faible concours dans l’épiscopat, et il ne réussit à mettre en mouvement que le clergé de son diocèse. Il arriva à la résidence royale dans un superbe carrosse, accompagné d’un brillant cortège et traînant à sa suite les curés de Paris, les députés du chapitre de Notre-Dame et des congrégations religieuses. On ne prit pas cette démonstration au sérieux, et Pietz fut éconduit poliment.

L’inquiet coadjuteur ne devait pas tarder à obtenir un concours plus réel dans de graves affaires où ses intrigues ne purent néanmoins le sauver de sa perte. Il s’était vu peu à peu abandonné du duc d’Orléans, réconcilié avec Anne d’Autriche, et de ceux de ses amis qui voulaient rentrer dans les bonnes grâces de la reine. Il avait vainement cherché, par un regain de popularité, à forcer la cour de compter encore avec lui. Il avait commencé à prêcher l’avent de