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métropolitain avait recommandé. Mais il évita, dans la lettre où il notifiait ce choix à son clergé, de révoquer les pouvoirs qu’il avait donnés pendant sa captivité au curé de Saint-Séverin, Hodem, à celui de la Madeleine, Chassebras, et à deux autres ecclésiastiques, les abbés L’Avocat et Chevallier, qui avaient déjà exercé pendant près de six mois les fonctions à eux ainsi conférées. La concession de Retz était donc plus apparente que réelle ; il ne se désistait d’aucune de ses prétentions. Peu après avoir envoyé à Paris la nomination de Du Saussay, dont le pape lui avait promis de faire différer le sacre pour que ce prélat pût exercer l’intérim dans le diocèse, l’ambitieux cardinal adressa une lettre à l’assemblée du clergé ; il la remerciait d’avoir défendu ses droits et en réclamait l’intervention pour faire cesser les persécutions que le gouvernement royal dirigeait contre les chanoines qui s’étaient prononcés en sa faveur.

L’arrivée de la lettre ayant été connue de Mazarin, il fit interdire à l’assemblée d’en donner lecture officielle, et les termes n’en furent connus que par des copies manuscrites que les grands- vicaires nommés par Retz s’étaient procurées et qui circulèrent clandestinement. Une correspondance de contrebande s’établit entre les députés et l’archevêque exilé. Irrité de toutes ces menées, le gouvernement royal demeura inflexible à l’égard de Retz et de ceux qui se faisaient ses plus actifs émissaires. La nomination de Du Saussay avait levé la plus grosse des difficultés et permis de procéder aux élections de la province de Paris ; le nouveau grand-vicaire avait pu prendre la présidence du collège où elle devait se faire. Dominique Séguier, évêque de Meaux, fut précisément l’un des élus ; on lui donna pour collègues Jacques de l’Escot, évêque de Chartres, un chanoine et un ancien professeur de théologie en Sorbonne. L’antagonisme n’en subsista pas moins au sein de l’assemblée entre le parti de Mazarin et ceux qui soutenaient l’indépendance absolue de l’épiscopat, et le débat menaçait de se prolonger indéfiniment. Le ministre d’Anne d’Autriche eut voulu que la compagnie mît de côté cette discussion si pleine d’orages et s’en tînt au provisoire, afin de ne s’occuper que de la question des décimes et de quelques affaires intérieures de petite importance. Telle n’était pas la manière de voir des députés qui subissaient l’influence des amis du cardinal de Retz et continuaient à correspondre avec Rome. Un nouveau bref d’Alexandre Yll envoyé à l’assemblée et dans lequel il l’exhortait à travailler à la paix de l’église vint autoriser cette compagnie à poursuivre la délibération sur une matière pour l’examen de laquelle Mazarin aurait bien voulu qu’on ne prit que les ordres du roi. Ce ministre avait même cherché à en agir avec ce bref comme il en