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Langres, de Michel Poncet, savant théologien de la maison de Sorbonne, de l’ancien précepteur du comte de Moret, Jean de Lingendes, évêque de Mâcon, célèbre par sr>s oraisons funèbres.

Tout indépendante que fût la majorité de ses membres, l’assemblée ne put jamais jouir de sa pleine liberté. Elle était suspecte au gouvernement, et elle s’efforça vainement de garder le secret sur ses délibérations. Mazarin n’avait cessé de surveiller de près les agissemens des députés ; il se faisait rendre compte, jour par jour, de ses débats par un député qu’il avait à sa dévotion, l’abbé Ondedei, qui fut plus tard évêque de Fréjus. Ce prélat, au mépris du serment qu’il avait prêté, l’informait de l’opinion soutenue par chacun des membres. En des secrétaires de la compagnie, l’abbé de Carbon, qui fut ensuite appelé à l’évêché de Saint-Papoul, puis à l’archevêché de Courges et à celui de Sens, ne se montra pas plus discret et n’imita point l’exemple de l’abbé de Villars, auquel les faveurs qu’il devait au ministre ne firent jamais violer l’engagement qui lui était imposé. On accusait le premier d’altérer les procès-verbaux, et les mauvais plaisans donnèrent le nom de carbonadea aux délits d’inexactitude dont son plumitif se rendait souvent coupable. Mazarin se défiait tant de ces prélats qui avaient si fort contrarié ses vues, que la session une fois achevée, il n’eut de cesse qu’ils ne fussent tous partis de Paris. Plusieurs persistèrent cependant à y demeurer quelques semaines, à son grand déplaisir. François de La Fayette, évêque de Limoges, l’un de ceux qui s’attardèrent, reçut un jour la visite de son collègue Amaury, évêque de Coutances, qui feignait de le vouloir visiter avant son départ. « Je sais que vous venez ici, dit le premier, pour vous informer si je suis parti ou quand je partirai, afin d’en donner avis au cardinal ; vous lui direz que je lui demande une grâce, qui est celle de ne jamais songer à moi ; assurez-le de ma part que je ne songerai jamais à lui. » Ces paroles montrent assez le peu de cas que faisait de l’éminence ministérielle une partie de l’épiscopat français. L’archevêque de Sens, Louis-Henri de Gondrin, qui n’avait pas été un des moins hostiles à Mazarin dont il soutint d’abord les projets, attendit la mort de celui-ci pour remettre les pieds à Paris, et, malgré ses entrées et ses alliances à la cour, il fallut l’assemblée de 1660, tenue à Pontoise, et dont il eut la présidence, pour l’arracher à une retraite à laquelle il se condamnait plus encore par dégoût que par dévotion.


V.


Les destinées de l’assemblée de 1655 ressemblèrent fort à celles