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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre 1879.

Dans ce vide des vacances où tourbillonnent les incidens éphémères et les manifestations factices, ce qu’il y aurait de mieux à faire, ce serait de profiter de ces jours de repos pour s’interroger sincèrement, pour étudier le pays, pour se rendre compte des fautes qui ont déjà été commises aussi bien que des fautes qu’on peut commettre encore et qui pourraient être évitées. Ce qu’il y aurait surtout de sage et d’utile pour le bien commun, ce serait de s’arrêter à ce premier phénomène de notre situation morale et politique, à cette sorte de contradiction qui éclate à tout propos et que les esprits irréfléchis peuvent seuls méconnaître.

Certainement la France est en possession aujourd’hui d’institutions qui ont passé par toutes les épreuves, qui ne sont plus sérieusement contestées, La république existe, elle a son organisation, ses pouvoirs, ses représentations de toute sorte, qui suffisent à la marche régulière des affaires nationales. Elle a pour elle aujourd’hui, comme hier, tout ce qui peut légitimer un régime, le vote populaire, une certaine nécessité des choses, l’impossibilité de tous les autres régimes, et s’il y a eu depuis quelques mois bon nombre de fautes commises à l’abri de son nom, il est prouvé aussi qu’elle peut assurer la paix au pays. Le calme du moment l’atteste. Tout le monde est absent. M. le président de la république se repose bourgeoisement dans sa maison de Montsous-Vaudrey, au fond du Jura. M. le ministre de la guerre visite les fortifications nouvelles de nos frontières. M. le ministre de la justice et M. le ministre de l’intérieur voyagent sur le lac de Côme et sont salués, nous dit-on, du feu des coulevrines italiennes dérouillées en leur honneur, M. le ministre des travaux publics est encore dans la Gironde. C’est à peine s’il y a un jour ou l’autre à Paris quelques représentans du gouvernement qui passent sans bruit, et malgré tout il n’y a nulle part, d’un bout à l’autre de la France, un signe d’agitation sérieuse, à