des Tuileries, et nous n’y rentrâmes qu’à la nuit, qui vient de bonne heure au mois de décembre, éclairés par les illuminations et par un nombre infini de torches qui nous accompagnaient. Nous dînâmes au château chez le grand maréchal, et, après, l’empereur voulut recevoir un moment les personnes de la cour qui ne s’étaient point retirées. Il était gai et charmé de la cérémonie; il nous trouvait toutes jolies, se récriait sur l’agrément que donne la parure aux femmes, et nous disait en riant : « C’est à moi, mesdames, que vous devez d’être si charmantes. « Il n’avait point voulu que l’impératrice ôtât sa couronne, quoiqu’elle eût dîné en tête-à-tête avec lui, et il la complimentait sur la manière dont elle portait le diadème ; enfin il nous congédia.
Quand je rentrai chez moi, je trouvai un assez grand nombre de mes amis et de personnes de ma connaissance qui, demeurant étrangers à toutes ces brillantes nouveautés, s’étaient rassemblés pour se donner l’amusement de me voir dans mes nouveaux atours. Dans le détail comme dans l’ensemble de cette journée, tout ce qui se passa servit de spectacle à la ville de Paris; mais on applaudit en général, parce qu’il faut convenir que la représentation fut magnifique.
Pendant un mois, un nombre infini de fêtes et de réjouissances suivirent. Le 5 décembre, l’empereur se rendit au champ de Mars avec le même cortège que celui du 2, et distribua les aigles à nombre de régimens. L’enthousiasme des soldats fut bien plus vif que celui du peuple. Le mauvais temps nuisit à cette seconde journée; il pleuvait à verse; une foule de monde couvrait cependant les gradins du champ de Mars : « Si la situation des spectateurs était pénible, il n’en est pas un qui ne trouvât un dédommagement dans le sentiment qui l’y faisait demeurer et dans l’expression des vœux que ses acclamations manifestaient de la manière la plus éclatante. » Voilà comme M. Maret rendait compte de cette pluie dans le Moniteur.
Une des flatteries les plus communes dans tous les temps, quoiqu’elle soit la plus ridicule, c’est celle qui tend à faire croire que le besoin qu’un roi a du soleil arrive à avoir de l’influence sur sa présence. J’ai vu, au château des Tuileries, l’opinion comme établie que l’empereur n’avait qu’à déterminer une revue ou une chasse à tel ou tel jour, et que le ciel, ce jour-là, ne manquerait pas d’être serein. On remarquait avec assez de bruit chaque fois que cela arrivait, et on glissait sur les temps de brouillard et de pluie. On voit au reste que c’était la même chose sous Louis XIV. Je voudrais pour l’honneur des souverains qu’ils reçussent avec tant de froideur, je dirai presque de dégoût, cette puérile flatterie, que personne