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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/797

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combattit cette mesure, ainsi qu’il l’avait fait l’année précédente, comme un empiétement sur l’indépendance municipale et une atteinte aux libertés de l’Irlande. Une motion de M. Hume, en faveur de l’extension du droit de suffrage à tous les locataires d’une maison entière, lui fournit l’occasion d’exposer quant au rôle et à la composition du corps électoral les idées qu’il avait développées dans son livre sur la constitution anglaise, et qui devaient servir de base au bill de réforme de 1867. A son avis, le bill de 1832 aurait dû avoir pour objet d’accorder une représentation aux intérêts nouveaux qui n’étaient pas représentés et qui avaient droit à l’être. Ce bill, au contraire, partie en supprimant des collèges entiers et partie en faisant absorber les électeurs existans par la multitude à laquelle l’abaissement de la franchise conférait le droit de suffrage, avait retiré à l’ancien corps électoral la part d’influence qu’il possédait en vertu de titres consacrés par la tradition. Le bill de 1832 ne reposait donc ni sur le développement historique des institutions anglaises, ni sur un principe clair et défini. Partant de la règle fondamentale de la constitution, qui veut qu’impôt et représentation aillent de pair, M. Disraeli admettait avec M. Hume que les citoyens qui paient l’impôt indirect sont fondés à demander d’être représentés comme ceux qui paient l’impôt direct ; ils avaient donc droit, non point à être tous électeurs, mais à avoir au sein du corps électoral, qui est un des pouvoirs de l’état, des représentans qui concourussent à la direction des affaires publiques. Le tort des radicaux, aux yeux de M. Disraeli, était de vouloir transformer les membres de la chambre des communes, qui représentent les divers intérêts dont la réunion constitue la nation, en de simples délégués de ce qu’ils appelaient le peuple, c’est-à-dire d’une seule classe à qui sa supériorité numérique assurerait la prépondérance et à la merci de laquelle tomberaient tous les intérêts ainsi que les destinées de la nation.

Ce fut à l’occasion du bill de lord John Russell sur l’instruction primaire que M. Disraeli prononça, pour la première fois, un grand discours. Le parlement votait depuis plusieurs années un crédit de 20,000 livres qui était réparti, à titre de subventions, entre les écoles établies par deux sociétés : l’une la Société nationale, qui plaçait ses écoles sous la surveillance exclusive des ministres de l’église anglicane, et l’autre, la Société des écoles nationales et étrangères, dont les écoles étaient sous la direction des ministres dissidens. Aucune surveillance n’était exercée par l’état sur ces écoles; aucun compte de l’emploi des fonds n’était rendu au parlement. Le bill de lord John Russell avait pour objet l’institution d’un conseil de cinq membres pour présider à la distribution du crédit, la création d’inspecteurs chargés de visiter les écoles qui recevraient