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DIDEROT INEDIT
D’APRÈS LES MANUSCRITS DE L’ERMITAGE

I.
L’IDÉE DU TRANSFORMISME DANS DIDEROT.

Œuvres complètes de Diderot, éditées par J. Assézat et Maurice Tourneux, 20 vol. in-8o, 1875-1877; Garnier frères.

Est-ce là l’édition définitive que le public lettré attend depuis si longtemps ? Nous n’oserions le dire. Il ne peut y avoir une édition définitive, tant qu’il y manquera une partie considérable de la correspondance avec Mlle Volland, qui doit exister quelque part et dont il serait fâcheux d’avoir à désespérer. Mais cette publication nouvelle ajoute un contingent fort respectable de morceaux inédits à ceux qu’avaient successivement donnés Belin en 1818, Brière en 1821, en 1830 Sautelet et Paulin, en 1856 un amateur enthousiaste et fort instruit, M. Walferdin; et les travaux épars de plusieurs autres explorateurs habiles, qui ont enrichi nombre de recueils et de journaux, se trouvent ici réunis pour la première fois.

Cette difficulté de reconstruction, spéciale pour les travaux de Diderot, tient aux circonstances de sa vie et aux traits de son caractère. Il semait ses écrits dans des mains avides, comme il semait ses idées et sa vie dans la conversation, qui était la vraie forme littéraire de son esprit. Grimm avait gardé par devers lui plusieurs des écrits les plus importans, entre autres les lettres à Mlle Volland, qui ne se retrouvèrent qu’en 1830, très incomplètes et après avoir traversé bien des hasards. Beaucoup d’autres, parmi les amis de Diderot, étaient devenus de la même façon les dépositaires de quelqu’une de ces pages écrites dans une matinée, oubliées le