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nière. Elles intéressent la prospérité, la sécurité de la possession des Antilles et la production espagnole. Le chef du ministère, le général Martinez Campos, qui a été assez heureux pour mettre fin par un traité à l’interminable guerre civile de Cuba, a pris des engagemens libéraux qu’il veut tenir. Une commission chargée de préparer les réformes semble, de son côté, se prononcer pour des atermoiemens ou des demi-mesures ; elle cherche des combinaisons qui puissent satisfaire à la fois les noirs qui attendent la liberté, les propriétaires, les producteurs espagnols. Tous les intérêts sont en conflit, et le problème est d’autant plus pressant que, depuis quelques mois, une certaine agitation a recommencé à se manifester à Cuba. Les cortès, qui vont se réunir pour le mariage du roi, se trouveront, dès le lendemain du mariage, en présence de ces questions aussi délicates que compliquées, dont la discussion peut mettre en péril l’existence du ministère de Madrid.

Tout peut dépendre de l’appui que le chef du cabinet, le général Martinez Campos, obtiendra de M. Canovas del Castillo, qui vient d’être reçu avec des ovations dans la protectionniste Catalogne, mais qui est assez habile pour trouver une transaction, pour faire la part d’invincibles nécessités en tranquillisant autant que possible les intérêts qui résistent encore. M. Canovas del Castillo, après s’être effacé pendant quelques mois, semble redevenir ainsi un peu l’arbitre d’une situation où son esprit politique et sa dextérité ne sont pas de trop dans l’intérêt même de cette restauration constitutionnelle dont il a été le négociateur le plus actif et un des premiers serviteurs. Sera-t-il ramené au pouvoir par la force des circonstances, par le cours des débats parlementaires qui s’ouvriront, après le mariage royal, à l’occasion de cette épineuse affaire de Cuba ? Ce qui n’est point douteux, c’est que la question est désormais de plus en plus urgente, qu’elle doit nécessairement être résolue, et qu’une solution insuffisante ou équivoque ne pourrait que compromettre la paix si péniblement reconquise à Cuba, en suscitant peut-être des complications internationales du côté des États-Unis. C’est là le danger que la prévoyance des hommes d’état de l’Espagne s’étudiera sans nul doute à conjurer pour l’avenir.

Ch. de Mazade.




ESSAIS ET NOTICES.
Oraison funèbre du grand Condé, texte collationné sur l’édition originale par M. Emmanuel Bocher, illustre par M. Lechevallier-Chevignard, 1 vol. in-4o ; Paris, 1879 ; D. Morgand et G. Fatout.

Il n’est guère de plaisir plus délicat, ni surtout plus complet, qui satisfasse plus pleinement les yeux et l’esprit à la fois, que de relire, dans