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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1879.

Maintenant que le jour où les chambres doivent se réunir de nouveau à Paris a été décidé dans les conseils du gouvernement et que l’heure des rendez-vous parlementaires est fixée sans remise, on va peut-être sortir de cette atmosphère nuageuse et troublée où tout s’altère et dépérit. On va en finir avec les excitations factices et les incidens oiseux, avec les élections de Javel, les amnistiés et les congrès de Marseille, avec les voyages de tribuns infatués, les manifestations banales et les banquets où l’on ne s’entend plus, où fleurit l’excentricité bavarde. Les fantômes importuns s’évanouiront, il faut le croire, et on rentrera un peu, si on le veut, dans la réalité, dans ce domaine de la vie pratique qui a ses conditions et ses lois. C’est le premier avantage des débats parlementaires, où tout doit se préciser, sur ces agitations indéfinies où se plaisent les imaginations oisives et désordonnées, dont le plus souvent il ne reste rien. L’approche de la session a déjà ce mérite de donner congé à bon nombre d’exagérations prétentieuses et de ramener par degré aux seules questions faites pour émouvoir ou pour occuper sérieusement l’opinion. Cela ne veut pas dire sans doute qu’il n’y ait plus de difficultés et qu’à la veille de la rentrée des chambres les affairés intérieures de la France soient simples et claires, qu’elles apparaissent sous le jour le plus rassurant. On ne peut se le dissimuler au contraire : même en dehors de ces agitations vaines, de ces questions inutilement bruyantes, de ces fantômes en un mot, qui s’arrêteront au seuil du parlement ou qui n’y entreront que pour disparaître aussitôt, les difficultés réelles, sont assez nombreuses ; elles tiennent jusqu’à un certain point au fond des choses ou, si l’on veut, à la fausse idée qu’on se fait des choses. La situation, même dégagée des embarras qui ne sont qu’artificiels, ne reste pas moins grave, pleine d’incertitudes et de contra-