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applicable à celle des bœufs ; et l’établissement d’un herdbook est la première condition à remplir pour arriver à un résultat satisfaisant. Ce sont, comme nous l’avons dit, les sociétés d’agriculture départementales qui devraient être chargées de ce soin.

La race mancelle est celle qui a donné les meilleurs résultats par son croisement avec le durham. Le chaulage des terres dans le Maine et l’Anjou, a, sous un climat favorable, développé la production fourragère au point que les bœufs du pays ne suffisaient plus à la consommer. On les a croisés avec le durham, et les métis obtenus ont été si beaux que cette pratique s’est généralisée. Mais ces métis n’ont pas, à proprement parler, formé une race nouvelle et ne se maintiennent que par des reproducteurs empruntés à la race pure, dans laquelle ils finiront par se confondre.

Les races travailleuses n’ont pas de caractère absolu, puisque, à mesure que l’agriculture se perfectionne, le travail devient l’accessoire et la production de la viande le principal. Il est certain qu’aujourd’hui on ne laisse plus les animaux mourir sous le joug maigres et vieux ; ils y restent à peine quelques années avant de recevoir leur destination dernière, qui est la boucherie. C’est même une industrie lucrative que d’acheter les bœufs maigres au sortir de la charrue, pour les engraisser dans les pâtures. Parmi nos races de travail, M. Sanson[1] mentionne la race vendéenne comme l’une des plus précieuses ; elle comprend plusieurs groupes connus sous le nom de race parthenaise, choletaise, marchoise, d’Aubrac, etc. Elle est d’une grande ténacité, facile à engraisser, et les vaches, surtout dans le groupe d’Aubrac, sont bonnes laitières. La race auvergnate, ou de Salers, occupe les montagnes de l’Auvergne, où les vaches vivent pendant la plus grande partie de l’année, en troupeaux, à une altitude de 1,800 mètres ; les veaux en descendent à l’automne pour être expédiés dans la Saintonge et le Poitou, où ils font concurrence pour le travail aux animaux de la race vendéenne. Castrés à dix-huit mois, ils restent un ou deux ans entre les mains d’un petit cultivateur qui les dresse au joug et les revend ensuite à ceux qui ont besoin d’attelages plus forts. Ils passent ainsi dans deux ou trois mains jusqu’à ce que, vers six ans, ils soient mis à l’engrais en Vendée ou en Normandie, d’où ils sont enfin dirigés sur l’abattoir. Cette race est également bonne laitière. Le lait qu’elle produit sert à fabriquer les fromages qui sont la principale ressource de ces pays montagneux. Citons encore pour mémoire la race garonnaise ou agenaise, la race gasconne, la race béarnaise, la race bazadaise, la race de la Camargue, à moitié sauvage, et la race

  1. Traité de zootechnie.