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Mais ce réseau secondaire devait jouer vis-à-vis des lignes magistrales le rôle d’affluens et y développer considérablement le trafic; il était donc juste que les compagnies contribuassent à son établissement; en outre, les compagnies avaient quelque raison de craindre qu’on ne leur créât des lignes concurrentes pour les grandes artères, elles étaient donc disposées à la conciliation.

L’état, de son côté, retirait des avantages considérables de l’extension des réseaux, avantages très directs, en dehors des nécessités politiques qui le poussaient; il était donc de toute justice qu’il payât une large part.

De cette situation résulta une entente, et de chaque côté on fit des concessions mutuelles. Celles de l’état consistèrent dans des subventions en argent, pour diminuer le prix de premier établissement. Celles des compagnies consistèrent dans la réduction de leurs bénéfices sur les lignes primitives. Chaque compagnie fut divisée en deux réseaux, l’ancien et le nouveau, et il fut convenu que le jour où les revenus nets dépasseraient 32,000 francs par kilomètre, sur l’ancien réseau, et 6 pour 100 sur le nouveau, les bénéfices excédans seraient partagés par moitié entre l’état et la compagnie.

De ces conventions résultait la constitution d’un ensemble dont le trafic général était insuffisant pour rémunérer le capital dépensé par la compagnie, mais on était d’accord pour reconnaître que cette insuffisance devait disparaître dans un certain nombre d’années, et faire place à un excédent de recettes. Aussi ajouta-t-on aux clauses précédentes des dispositions transitoires. Si l’on s’en tient à un aperçu général, ces dispositions furent les suivantes : L’état garantit le service des obligations et, en outre, assure un revenu déterminé aux actions. Chaque année, on établit le bénéfice net de l’exploitation, et l’état verse à la compagnie le complément nécessaire. Ce complément est la garantie de l’état. Mais ce versement n’est pas un don, c’est un prêt, qui porte intérêt à 4 pour 100, dont la compagnie est constituée débitrice. Chaque année, par suite de l’extension du trafic, le prêt annuel diminue, et on peut prévoir approximativement l’année où la garantie ne fonctionnera plus. A partir de ce moment, la situation deviendra inverse, les recettes seront supérieures au revenu garanti et c’est la compagnie qui versera tous les ans à l’état la différence, en atténuation de sa dette jusqu’à ce qu’elle l’ait éteinte.

Ces avances de l’état sont garanties par le matériel de la compagnie.

Il est évident, d’après ce court exposé, que la compagnie et l’état sont tous les deux intéressés à ce que le compte courant se réduise