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Tandis que les recherches de nos laboratoires sont toujours entravées par la brièveté du temps, la nature dans cette expérience a été à l’œuvre pendant seize siècles et semble avoir pris à tâche de reconstituer lentement, avec les métaux des médailles, tous les minerais auxquels le travail humain avait pu jadis les emprunter.

L’activité chimique de l’intérieur du globe ne s’est pas manifestée seulement par les émanations qui ont enrichi les filons. A côté de couches visiblement formées sous les eaux ou de roches dont tous les caractères révèlent l’origine ignée, d’autres terrains semblent participer à la fois de ces deux termes opposés. Ils offrent ainsi l’empreinte d’une double origine, ou plutôt ils témoignent des modifications successives qui les ont transformés. A peine ébauchée par le génie de Hutton, la théorie du mêtamorphisme des roches chercha dans l’expérimentation ses premières preuves. James Hall, en chauffant de la craie en vase clos, obtint du marbre cristallin, démontrant ainsi que les sédimens déposés par les eaux ont pu, sous l’influence de la chaleur et de la pression, acquérir en partie l’apparence de roches cristallines ou éruptives. Mais ici, non plus que dans les recherches de Sénarmont, rien ne mettait en évidence le rôle de la vapeur d’eau. C’est ce point que M. Daubrée a particulièrement élucidé. Rappelons d’abord les faits acquis. Tantôt, au voisinage d’une intrusion de roches éruptives, et sur une épaisseur très variable depuis quelques mètres jusqu’à trois kilomètres, un changement se manifeste dans les couches traversées. Le calcaire est devenu du marbre; la houille a perdu ses élémens volatils. En même temps de nouveaux minéraux ont apparu, ceux-ci dans les schistes, ceux-là dans les calcaires. Bien que l’extrême variété des faits rende difficile tout énoncé général, on peut reconnaître avec M. Delesse que les silicates hydratés, les zéolithes se sont développés exclusivement autour des épanchemens de roches basiques comme les trapps et les basaltes, tandis que les silicates alumineux, la mâcle ou staurotide par exemple, ont pris naissance auprès des roches acides comme le granité. Tantôt le métamorphisme, au lieu d’être ainsi limité, s’étend sur une région entière. Il ne se rattache alors à aucune éruption de roches et doit son origine à une cause bien plus large dans son action. Dans les Ardennes, quoique les feuillets des schistes soient pénétrés de feldspath, de quartz, évidemment postérieurs au dépôt des couches, le caractère sédimentaire est resté apparent. Aux Alpes, il est presque effacé dans les schistes éminemment cristallins de Zillerthal, de Salzbourg ou d’Airolo. Mais l’origine des roches métamorphiques est attestée néanmoins par l’identité de