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En même temps apparaissent, soit isolés, soit en géodes, une foule de petits cristaux de quartz bipyramidé présentant même comme les cristaux naturels de certains gisemens les facettes dissymétriques appelées plagièdres. Examinée au microscope à la lumière polarisée par ces méthodes d’analyse dont M. Fouqué a exposé avec tant d’autorité les merveilleux résultats[1], la masse présente des microlithes aciculaires étoiles qui se comportent comme le quartz ou un silicate anhydre, des globules incolores de calcédoine et de zéolithes, enfin des cristaux de pyroxène vert foncé. Ce silicate anhydre se montre souvent du reste en abondance sous forme de cristaux très petits, mais très nets, de la variété diopside. Les obsidiennes, les perlites et d’autres roches volcaniques se comportent dans l’eau surchauffée comme les silicates artificiels qui constituent le verre. Le bois, que sous des pressions moindres Cagniard-Latour avait déjà transformé en lignite, puis en houille, passe ici à l’état d’anthracite très compacte, en globules évidemment fondus, tout à fait analogue à celle de Chounga, au nord du lac Onega, ou mieux à celle qui accompagne les filons d’argent de Kongsberg. En résumé, on reconnaît par ces expériences que l’eau surchauffée exerce l’influence la plus énergique sur les silicates; même en très faible quantité, elle en dissout un grand nombre, détruit certaines combinaisons à bases multiples, en fait naître de nouvelles soit hydratées, soit anhydres; enfin elle fait cristalliser ces nouveaux silicates bien au-dessous de leur point de fusion, tandis que la silice mise en liberté dans ces dédoublemens s’isole en quartz cristallisé.

Mais, à côté de cette expérimentation de laboratoire si difficile à réaliser, la nature nous offre, comme pour les filons, les résultats d’une expérience non moins curieuse. Autour des sources thermales qu’ils aménageaient avec tant d’habileté, les Romains ont laissé des maçonneries en béton, des blocages de briques, de grès et de calcaires réunis par un ciment de chaux. Ces roches artificielles se sont modifiées sous l’action séculaire des eaux chaudes : les briques sont devenues sonores comme les phonolites du Cantal. Leurs boursouflures présentent des enduits ou des géodes de silicates hydratés à base de chaux et de potasse (zéolithes), par exemple la chabasie et la christianite associées ici comme dans les trapps de l’Islande, la mésotype semblable à celle qui tapisse les pores des basaltes du Donnersberg. A côté se montrent aussi l’opale hyalite comme aux abords des sources de Saint-Nectaire, la chaux fluatée ou carbonatée, l’aragonite, et bon nombre d’autres espèces que l’analyse microscopique faite avec grand soin par M. Fouqué

  1. Voir la Revue du 15 juillet 1879.