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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/436

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LES
BANQUES ANGLAISES

L’étude des banques anglaises est, à plusieurs points de vue, pleine d’intérêt. D’une part, elle montre quelle persistance d’efforts a été nécessaire pour les constituer sur leurs bases actuelles, quels changemens elles ont éprouvés, quelles formes diverses l’esprit d’association a successivement réalisées. D’autre part, elle permet de se rendre compte de l’accumulation prodigieuse de capital qui s’est faite, surtout depuis deux siècles, en Angleterre ; elle atteste entre l’extension des banques anglaises et la marche conquérante de la race anglo-saxonne sur le globe, au milieu de contrées si vastes, si éloignées les unes des autres, si différentes par leur climat, leurs productions, les races qui les occupent, des rapports permanens qui font des banques de l’Angleterre l’un des instrumens les plus énergiques de sa prépondérance économique, de son action politique comme de son influence civilisatrice.

Ce n’est pas la première fois que la banque est devenue, pour un peuple ou un état, un moyen de s’étendre et d’agir au-delà de ses limites territoriales. Nul doute que les Phéniciens n’aient établi des banques dans ces nombreux comptoirs dont le réseau n’était pas sans rapport avec les banques coloniales de l’Angleterre. Les Grecs ont également constitué des banques ailleurs qu’à Athènes et à Corinthe. Les banquiers athéniens avaient des succursales en Ionie, dans leurs colonies de l’Hellespont et du Pont-Euxin. Mais ce sont surtout les grands marchands, les banquiers de Milan, de Venise, de Florence, de Gênes, les Lombards, qui ont exercé, du XIIe au XVe siècle, non-seulement dans toute l’Europe, mais sur les côtes d’Asie et d’Afrique, jusqu’en Tartarie même et jusqu’en Chine, une influence analogue à celle des banques anglaises. Comme les Anglais ont disséminé de tous côtés leurs foreign and