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de s’entendre. Il faudrait, pour établir exactement la part des responsabilités, qu’avant de commencer les travaux, vers 1864, une commission composée d’hommes très compétens, qui aurait compté à la fois des architectes, des peintres, des historiens et aussi des constructeurs habiles, eût établi et constaté l’état de l’édifice, désigné les parties susceptibles d’être conservées et arrêté les voies et moyens nécessaires pour arriver au but que tout le monde doit toujours se proposer quand on a l’intelligence des choses de l’art. Or cette commission n’existait pas, et on suivait le projet adopté depuis de longues années; mais il est juste de rappeler encore qu’aux mosaïques du XIIe siècle le gouvernement autrichien avait proposé de substituer les compositions de M. Blaas, peintre de l’arsenal de Vienne, que, ces compositions ont été exécutées et que les cartons existent encore dans les magasins de la basilique. Entre ces deux alternatives, une substitution de copies fidèles, ou l’application des nouvelles compositions de M. Blaas (que nous n’apprécions d’ailleurs pas, et qui eussent fait dans cet ensemble le plus singulier effet), nous nous prononçons sans hésiter.

Si nous passons de la chapelle Zen dans le baptistère où nous trouvons parmi les mosaïques du XVIIe siècle exécutées sur les cartons de Francesco Turresio, un certain nombre de compositions du XIVe et un spécimen très précieux du XIe : Saint Jean baptisant le Seigneur dans le Jourdain, nous reconnaissons encore qu’on a procédé avec circonspection en remplaçant les parties défectueuses et bouchant simplement les trous là où les cubes s’étaient détachés. Les archéologues savent que la composition du Xie siècle que j’ai citée emprunte tout son prix à cette circonstance qu’elle est due sans doute à des artistes italiens, ou du moins de l’Occident, qui composaient encore suivant la tradition byzantine, ce qui a longtemps fait croire que ces mosaïques du baptistère étaient l’œuvre d’artistes grecs. A ce point de vue, c’est là un monument important; il a, dans la restauration, conservé son caractère sans altération notable.

On sent bien que, dans un ensemble aussi considérable, on ne saurait s’arrêter devant chacune des compositions qui ornent les voûtes et les parois, comme on devrait le faire dans un rapport à une commission des monumens historiques; toutefois nous avons examiné une à une les restaurations faites à l’intérieur en montant jusqu’aux voûtes des orgues et des culs-de-four du maître autel, et nous pouvons nous prononcer d’une façon générale sur les restaurations.

Une circonstance particulière a bien pu faire naître dans l’esprit des voyageurs une certaine confusion à l’égard des travaux entrepris par les mosaïstes modernes. La grande verrière centrale, qui