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LA RÉFORME
DE
L’ENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE ET MORAL
EN FRANCE.

Il y eut au siècle dernier un novateur, un révolutionnaire en fait d’enseignement, qui proposa à ses contemporains des réformes hardies : supprimer les châtimens corporels (malgré les textes sacrés qu’on invoquait en leur faveur), faire dans les collèges de France la classe en français et non en latin, écrire en français les grammaires et les méthodes destinées aux élèves, accorder une petite place à l’enseignement de la langue nationale auprès des langues anciennes; enfin, chose plus scandaleuse, apprendre aux jeunes Français un peu d’histoire de France après leur avoir raconté dans tous ses détails l’histoire des Romains et des Grecs. Ce révolutionnaire se nommait le bon Rollin. Au XIXe siècle, un autre réformateur osait chasser le professorat en latin de son dernier refuge, je veux dire des classes de philosophie, encore livrées à la scolastique des séminaires; il osait dire que ceux qui font de la philosophie en latin aboutissent nécessairement à deux résultats : mauvais latin et mauvaise philosophie. Ce réformateur avait nom Victor Cousin. De nos jours aussi on a vu dans le corps enseignant des velléités révolutionnaires. Chacun sait que nous avons maintenant devant nous deux questions sociales : l’une, — qui peut se résoudre, dit quelqu’un, en un quart d’heure, — celle du capital et du travail; l’autre, dont la solution semble demander plus de temps, celle des vers latins. Plus d’un ministre a voulu supprimer cet exercice légué à l’université par les anciens collèges de jésuites :