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mises en lumière, étudiées, à propos de chaque phénomène ou opération psychologique. En un mot, la psychologie tout entière devra être scientifique, et chaque théorie y sera présentée avec son degré exact de certitude ou de probabilité, comme chaque quantité algébrique doit, selon l’expression de M. Taine, être accompagnée de son exposant.

La seconde partie du cours, intitulée : Esthétique scientifique ou philosophie de l’art, résumera et systématisera le cours d’esthétique fait aux élèves de seconde et de rhétorique : on y abordera les hautes questions qu’on avait dû réserver pour un enseignement supérieur et vraiment philosophique. De même pour la troisième partie intitulée : Logique scientifique ou philosophie des sciences.

La quatrième partie du cours, intitulée : Morale scientifique, sera une révision des cours de troisième et de seconde, à un point de vue plus élevé et avec les additions nécessaires. Les postulats métaphysiques de la morale devront être réservés pour une étude ultérieure : on se bornera ici à la partie vraiment positive de la science morale[1]. On y fera aussi, conformément à l’esprit moderne, une part plus grande à la considération de l’utilité individuelle et sociale. La science sociale elle-même formera la cinquième partie du cours, avec ses annexes : économie politique, jurisprudence et science politique. L’étude de la société et de ses lois est d’importance capitale pour des êtres appelés à vivre en société et à influer sur la direction de la société même par leurs votes, par leur influence, par leurs travaux professionnels. Quel intérêt et quel profit les jeunes gens ne trouveront-ils pas dans l’examen attentif des questions suivantes, qui ne sont aujourd’hui qu’effleurées dans les cours de nos meilleurs professeurs, faute de temps pour les approfondir : — objet de la science sociale, sa méthode à la fois expérimentale et rationnelle; part de la nature dans le développement des sociétés, analogies et différences de l’organisation sociale avec les organismes vivans ; part de la volonté dans le développement des sociétés; supériorité de l’évolution sur les révolutions; expression des volontés dans le contrat ; vérités et exagérations contenues dans la théorie du contrat social; rôle prépondérant du contrat dans les sociétés modernes; différens types de société, leur classification selon leur degré de centralisation et de décentralisation; tendance

  1. On sait qu’à l’époque de « l’ordre moral, » l’ancien conseil de l’instruction publique, sur les instances de l’évêque d’Angers, replaça la théodicée avant la morale dans les programmes, contrairement à la tradition et à l’esprit scientifique : c’est là intervertir l’ordre naturel des questions, — de l’inconnu au connu — et faire reposer la pyramide, non sur sa base, mais sur sa pointe, qui elle-même se perd à l’infini.