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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 39.djvu/582

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republicano, c’est à cette condition seulement que la démocratie matérialiste pourra construire une société nouvelle. » Plus de patrie, plus de nation : rien que la commune et l’humanité. « La patrie, dit la Campana, est une idée abstraite et creuse au nom de laquelle les rois poussent les peuples à s’entr’égorger… La patrie est « un fait physiologique » qui est représenté par la maison que tu habites, par la commune où tu travailles. Au-delà il ne faut voir que le cercle où règnent les mêmes principes et où s’étend la solidarité des mêmes besoins. » Parlant de l’idée cosmopolite, la Plebe s’indigne du mouvement de l’Italia irredenta : « Quoi ! dit-elle, vous voulez faire la guerre à l’Autriche pour lui enlever une partie du Tyrol et Trieste, mais contemplez donc nos terre redente, notre territoire affranchi : on y meurt de la pellagre et de faim. » — Plus de gouvernement, plus d’autorité ; l’anarchie, tel est le but final. « L’ère nouvelle, dit la Campana, consacrera la libre expansion de toutes les aspirations humaines. Toute autorité humaine ou céleste doit disparaître, depuis Dieu jusqu’au dernier agent de police. »

Voici maintenant quelques extraits de manifestes socialistes. Dans celui des internationalistes de la Pouille (août 1878) nous lisons : « Le but à atteindre est d’assurer aux hommes la félicité la plus complète possible par le plein développement de toutes leurs facultés. La femme doit être la compagne de l’homme, non une esclave ou un instrument de plaisir. L’amour doit être libre et soustrait aux codes et aux rituels. Chacun doit recevoir une instruction intégrale, afin de pouvoir choisir la fonction à laquelle il est propre. La libre fédération des individus, des groupes, des associations et des communes forme la confédération du genre humain. La révolution n’est pas une conspiration qui aspire à changer en un jour la face de la société. C’est une lutte permanente, matérielle, morale et intellectuelle contre l’organisation actuelle pour y substituer l’association libre. » — Le 6 mai 1877, les dames internationalistes des sections féminines de la Romagne et de Naples adressent un manifeste à toutes les ouvrières de la Péninsule : « Notre salaire, disent-elles, étant insuffisant, nous dépendons des hommes pour vivre. L’émancipation de la femme est au fond l’émancipation de l’ouvrier. L’une et l’autre sont les victimes du capital. La société actuelle nous dit : « Vends-toi ou meurs de faim. » La société de l’avenir nous dira : « Vis, travaille, aime. » — Le cercle des études sociales de Rome publie son programme (juillet 1878) ; ses principes sont : « 1o abolition de tout privilège ; 2o le travail productif, unique source légitime de la richesse ; 3o les instrumens de travail propriété des travailleurs ; 4o émancipation et « réintégration de l’homme individuel et collectif. » — En juin 1878, la fédération internationaliste de Rimini lance