Les amours-propres et les intérêts aidant, les susceptibilités se mettent de la partie ; de là, et ceci n’est point nouveau, des tiraillemens et d’inévitables démêlés, mais qui, cette année, se sont envenimés et, après des récriminations assez aigres, ont abouti aux éclats que vous savez. Au milieu de ce feu croisé d’accusations, nous n’aurions aucun droit et nous avons encore moins le désir de nous ériger en juge et de prendre parti. Nous déplorons du moins, et très sincèrement, ce bruit fait autour d’une institution qu’il ne faudrait pas indéfiniment compromettre, et il nous est pénible de voir s’accréditer d’autant la mauvaise réputation faite aux artistes d’être aussi incapables d’initiative que de subordination et aussi impatiens d’autorité qu’impuissans à s’en passer.
Aujourd’hui les choses en sont venues à ce point que l’urgence d’une solution se fait absolument sentir. Il ne sera que temps, quand les esprits seront un peu calmés, d’étudier posément ce que commande la situation. Sans se désintéresser tout à fait, l’administration ferait sagement, croyons-nous, de ne point assumer sur elle toute la responsabilité des règlemens. Combien il lui serait plus expédient de se décharger du soin de leur préparation et d’en remettre la charge à une commission dont elle trouverait facilement à réunir les élémens ! En acceptant comme acquises les mesures dont l’usage a fait reconnaître l’efficacité, celle-ci aurait déjà une base solide et sûre, et avec un peu de prudence et de suite il lui serait facile de s’éclairer sur les points restés douteux. De son côté, mise ainsi à couvert par un programme dont elle aurait, tout au moins, partagé la responsabilité et qui devrait être assez large et assez précis pour n’admettre aucune exception, l’administration se bornerait à le faire exécuter. Elle prendrait de cette manière une situation inattaquable vis-à-vis de l’opinion et s’épargnerait à elle-même les embarras dont elle se plaint si amèrement.
Pour cette année, quels que puissent être les mérites ou les défauts de la classification adoptée, le public en a saisi immédiatement les avantages, et il en a profité. Il a pris au mot une hiérarchie qui le dispensait de tout effort, et laissant aux plus intrépides le soin de prolonger leurs recherches, il n’est guère sorti du cercle qu’on lui avait indiqué. Le public était dans son droit, celui d’une défense légitime. Quant aux artistes, et surtout à ceux des nouveau-venus qui ont quelque talent, nous comprenons leurs très réels griefs, et l’ennui qu’il y a pour eux à se voir ainsi perdus dans la foule et compromis par l’entourage auquel on les soumet. Nous n’imaginons pas trop cependant, l’indulgence du jury étant admise, quelle autre combinaison aurait pu leur être offerte. Pour nous, dans l’étude que nous allons entreprendre, il nous était impossible d’adopter une classification qui nous eût à chaque