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d’un certain temps, on se retrouvait à peu près dans la même situation où l’on était au moment du prêt. Aujourd’hui les conditions sont différentes; la hausse des prix a été si rapide et s’est tellement accentuée, que celui à qui, après dix ans seulement, on rembourserait la même somme qu’il aurait prêtée ferait une perte sensible.

La création de la prime est maintenant une nécessité financière. Il n’y a plus guère de prêt sans majoration de capital. Les états et les établissemens financiers qui empruntent sont obligés de la subir. C’est d’ailleurs pour eux le moyen d’emprunter à de meilleures conditions, et à ce point de vue, on peut dire que la prime ne leur coûte rien. Elle est compensée et au-delà immédiatement par la diminution du taux de l’intérêt. S’il n’y avait pas de prime stipulée, le capitaliste prévoyant serait obligé de demander un intérêt plus élevé pour faire lui-même son amortissement et compenser les risques de l’avenir. Avec la prime, il n’est pas obligé de s’occuper de l’amortissement, il recevra comme augmentation de capital l’équivalent de l’augmentation du prix des choses. Pourquoi le 3 pour 100 amortissable est-il à 87 francs lorsque le 3 pour 100 ordinaire n’est qu’à 85, et la différence devrait être plus grande? C’est à cause de la prime de remboursement. Si l’état empruntait en 3 pour 100 amortissable, il recevrait immédiatement 2 à 3 pour 100 de plus qu’en 3 ordinaire.

Ces raisons sont suffisantes assurément pour déterminer le choix du 3 pour 100 amortissable comme instrument de la conversion. Mais il y en a un autre plus forte encore qui ne permet pas d’hésiter un instant. Avec la conversion en 3 pour 100 que nous indiquons, on réalise à la fois une économie et on crée un amortissement sérieux. Tous les systèmes d’amortissement qui ont été essayés jusqu’à ce jour n’ont pas réussi, on a toujours détourné les fonds qui leur étaient destinés, soit que ces fonds dussent provenir de dotations spéciales ou d’excédens de recettes. On prenait les dotations pour des besoins censés plus urgens, et quant aux excédens de recettes, il n’y en avait pas, ou s’il y en avait, on jugeait toujours utile de les employer à autre chose qu’à diminuer la dette. Pour avoir un amortissement efficace, il faut que l’engagement de rembourser le capital soit pris en même temps que celui de servir les intérêts, que les deux soient liés ensemble de telle sorte qu’on ne puisse pas plus manquer à l’un qu’à l’autre, à moins de faire banqueroute. Alors on sera sûr qu’au bout du délai stipulé, avec l’annuité qui sera créée, la dette sera éteinte. Voilà l’amortissement qu’il faut organiser aujourd’hui, si l’on ne veut pas éprouver de mécompte ; c’est celui d’ailleurs qui