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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 39.djvu/937

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les bons ouvrages du XVIIIe siècle; le Meissonier, de M. de Saint-Marceaux, tout plein de mouvement et de vie; le Dupin, de M. Guilbert, d’un aspect très sculptural; le fin portrait de M. A. Darcel, par M. Villain ; enfin celui de M. Dubois, dont les traits sont peut-être un peu trop accentués, mais qui, avec la charmante statuette de M. Meissonier, nous montre tout le talent et la spirituelle exécution de M. Gemito.

Dans cette longue et cependant bien incomplète revue, nous pensions avoir parcouru tout le domaine de la sculpture en recherchant, partout où nous les trouvions exprimés, le caractère, la beauté, la force ou la grâce. M. de Saint-Marceaux nous oblige à y ajouter l’esprit. Il y en a beaucoup dans son Arlequin, et peut-être y en a-t-il autant dans le choix d’un tel sujet, l’année d’après ce Génie funèbre qui avait valu à l’artiste un si haut succès. Le public attendait M. de Saint-Marceaux et le public a trouvé à qui parler. Il a su gré au sculpteur de cette évolution dont la brusquerie lui a paru de haut goût. Tout dérouté qu’il fût, comme il s’accommode encore mieux d’une donnée piquante et gaie que d’une gravité trop prolongée, il a applaudi M. de Saint-Marceaux. Il est très piquant et très malin en effet, cet Arlequin si bien cambré, si bien pris dans sa taille, si bien posté pour le combat. On sent qu’il ne s’agit pas ici d’un arlequin banal, mais de l’arlequin parisien, gouailleur, alerte, svelte, déluré, un peu impudent, assez cynique, prompt à l’attaque et plus rapide encore à la retraite, mais notre homme serait difficile à surprendre ; tournez autour de lui, vous n’y parviendrez pas. De partout, — et il convient d’en louer l’artiste, — de partout il se défend et ne se laisse point aborder. Ces yeux qui rient sous le masque ne disent rien de bon ; il médite quelque méchant tour et gare à qui passera à portée de sa batte! L’administration a compris quel danger ce serait de lâcher ce vaurien parmi le tas de dieux, de héros, de saints et de grands hommes qui sont en bas. Elle a voulu qu’il fût seul, à l’étage : elle le fait surveiller de près, et ces deux gardiens que vous voyez à portée sont spécialement commis à sa personne. La précaution n’était point inutile.


III.

L’architecture est à la fois un art et une science. Ce double caractère, autant que la persistance de ses créations à travers le temps, la rend pour l’histoire une source d’informations précieuse et quelquefois même unique. Les renseignemens qu’elle lui fournit sont les plus positifs de tous, ceux qui permettent le mieux d’apprécier la vie sociale et privée d’un peuple. Par l’usage qu’elle fait des lois qui régissent l’emploi des matériaux, elle nous dit ce qu’était