II.
LA MISSION DE M. DE MANTEUFFEL.
Nous avons indiqué, dans un précédent travail[1], les principales causes qui font obstacle à la germanisation de l’Alsace-Lorraine et les raisons qui nous portent à douter que l’Allemagne réussisse à établir entre conquérans et conquis ces liens de mutuelle confiance et de réciproque sympathie sans lesquels la conquête morale ne saurait passer pour accomplie. Il nous reste à examiner si, à défaut de l’union intime qu’une entière communauté de sentimens, d’intérêts et de vues serait seule capable de produire, l’empire germanique ne peut pas espérer du moins accoutumer ces populations à leur sort et les amener à un degré de résignation suffisant pour que l’Alsace-Lorraine se taise, que l’Allemagne se rassure et que l’Europe acquiesce et oublie.
Le nouveau régime qui vient d’être inauguré sous la haute direction du feld-maréchal de Manteuffel est-il propre à favoriser cette œuvre d’apaisement, en vain poursuivie par l’Allemagne tandis que sa propre grandeur était, plus qu’aujourd’hui, dans tout son éclat ? L’Alsace-Lorraine s’engage-t-elle désormais dans une condition politique et administrative assez stable et assez normale pour
- ↑ Voyez la Revue du 15 avril.