Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 40.djvu/648

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réclamations et ordonna qu’on sursît à l’adjudication du cinquantième sur les biens ecclésiastiques qui avaient été compris parmi ceux qui en devaient être frappés. Le 8 octobre 1726, peu après l’ouverture d’une nouvelle assemblée, il donna une déclaration établissant en termes exprès « que les biens ecclésiastiques n’ont pu être compris dans la déclaration du 5 juin 1725 pour la levée du cinquantième, qu’ils seront exempts à perpétuité de toute autre taxe, imposition et levée, sans qu’ils puissent jamais y être assujettis. »

Sous le ministère du cardinal de Fleury, la représentation ecclésiastique recouvra toute son autonomie. Elle trouvait dans ce pieux et pacifique prélat un protecteur zélé et sincère des immunités de l’église. Elle demeura en étroite communion d’idées avec lui. Cet accord, que consacrait la déclaration du 8 octobre, rendue au moment où l’évêque de Fréjus prenait le pouvoir, se manifesta dans le langage des commissaires royaux qui apportèrent à l’assemblée de 1726 cette sorte de motu proprio.

Le clergé était plein de confiance dans le ministre que le roi avait placé à la tête de son conseil, et cette confiance ne fut pas trahie. En retour de la protection spéciale dont il se voyait environné, l’ordre ecclésiastique s’empressa d’accorder les sommes que le ministre sollicitait. Il comprenait qu’avec l’accroissement des dépenses publiques, l’abaissement de la valeur de l’argent, il ne devait plus s’en tenir aux maigres subsides qu’il avait accordés dans le principe ; il laissa ses libéralités prendre le caractère d’une obligation sur laquelle le gouvernement ne comptait pas moins que sur la rentrée des impôts établis sur le reste de la nation par ordre du roi. Sous le ministère Fleury, le clergé ne manifesta pas d’inquiétudes pour son autonomie administrative et financière ; ses appréhensions vinrent d’un autre côté. Ce qu’il eut à défendre, ce furent son autorité dogmatique, l’obéissance que tous les fidèles, et spécialement les ecclésiastiques, doivent aux décisions de l’église universelle. La bulle Unigenitus, donnée par le pape Clément XI en 1713, malgré les décisions des assemblées du clergé, continuait à rencontrer dans le corps sacerdotal, surtout dans le clergé du second ordre, de nombreux opposans. L’esprit de résistance qui animait depuis longtemps la magistrature et la partie indépendante du clergé gallican contre la domination spirituelle de plus en plus exigeante du saint-siège, se perpétuait en s’accentuant. Ceux qui repoussaient les décrets du souverain pontife en appelaient à un futur concile et s’efforçaient de démontrer que les doctrines ultramontaines faisaient sortir l’église de son enseignement traditionnel et de la véritable orthodoxie. Sous le manteau de cette opposition théologique se dissimulaient des oppositions plus prononcées à la puissance cléricale. La majorité du clergé français, fermement