de l’Irlande, pendant cette période de compression à outrance, était le chancelier Fitzgibbon, récemment nommé comte de Clare, auquel le faible lord Camden ne savait pas résister. Le secrétaire du gouvernement, Pelham, avait des tendances plus modérées ; malheureusement son crédit ne pouvait lutter avec celui de lord Clare ; bientôt d’ailleurs il tomba malade, et ses fonctions furent remplies, d’abord à titre intérimaire et plus tard d’une manière définitive, par le jeune lord Castlereagh, qui devint un des collaborateurs les plus énergiques du chancelier. Ce dernier était persuadé qu’une lutte à main armée ne pouvait être évitée. Il s’y prépara ; on peut même dire qu’il la provoqua ou du moins qu’il la précipita par ses mesures violentes. Il multiplia les poursuites judiciaires. Il fit envahir et saccager par la force armée l’imprimerie du journal l’Étoile du matin. Il fit placer sous le régime militaire toute la partie septentrionale de l’Irlande, où commandait le général Lake.
Les Irlandais-Unis, de leur côté, ne restaient pas inactifs. Ils avaient formé un directoire composé de cinq membres : Fitzgerald, O’Connor, Olivier Bond, Emmett et le docteur Mac-Nevin. Toute l’année 1797 fut employée à préparer une insurrection générale. On envoya successivement en France un nommé Lewines, puis Fitzgerald, puis Mac-Nevin, pour demander des armes et de l’argent. Mac-Nevin insista vivement auprès du gouvernement français. Il affirma que dans l’UIster seulement cent cinquante mille hommes étaient prêts à se lever. On lui promit des armes ; quant à de l’argent, c’était ce qui manquait le plus à la république française, réduite depuis longtemps au régime des assignats. On prépara une nouvelle expédition pour donner la main à l’insurrection future. Malheureusement la désorganisation de la marine française rendait bien chanceuse une tentative de débarquement. Les Irlandais-Unis n’en persistèrent pas moins dans leurs projets. Un état-major fut formé. Les affiliés furent secrètement divisés en régimens. Un plan général d’insurrection fut dressé. Toutes les instructions militaires furent écrites de la main de Fitzgerald. Le but du soulèvement était l’établissement d’une république irlandaise, gouvernée par un directoire, à l’imitation de la république française.
Le gouvernement était depuis longtemps tenu en éveil par les fréquens voyages de lord Edouard Fitzgerald et de ses amis sur le continent ; il avait en outre reçu, dans le courant d’avril 1797, des dénonciations qui lui avaient révélé l’existence d’un vaste complot ; toutefois il était loin détenir tous les fils de la conspiration, lorsque le 25 février 1798, un nommé Thomas Reynolds, dont le nom est resté en horreur à tous les patriotes irlandais, vint s’offrir pour faire d’importantes révélations. Ce personnage, qui avait été