difficultés. Aussi fallut-il près de deux ans pour la résoudre. La réforme projetée blessait l’amour-propre national des Irlandais ; elle portait atteinte aux intérêts d’un certain nombre de grands propriétaires qui jouissaient d’une influence prépondérante dans le parlement de Dublin ; elle rencontrait des résistances chez certains amis du gouvernement, chez certains fonctionnaires importans, comme par exemple sir John Parnell, chancelier de l’échiquier, c’est-à-dire ministre des finances en Irlande ; enfin elle avait contre elle tout le parti libéral. Il fallait se préparer à surmonter toutes ces difficultés. On se mit à l’œuvre dès le lendemain de la défaite définitive de l’insurrection. En novembre 1798, lord Cornwallis fut mandé à Londres, et là, le duc de Portland, secrétaire d’état pour l’Irlande, lui fit connaître les bases du plan adopté par le cabinet pour l’union des deux pays et en discuta avec lui les détails et les moyens d’exécution.
A la première nouvelle du projet d’union entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, il y eut dans ce dernier pays une explosion de fureur. Le speaker ou président de la chambre des communes de Dublin, John Foster, se prononça contre le projet. Le chancelier de l’échiquier se fit destituer plutôt que de prêter son appui au projet gouvernemental : il fut remplacé par Isaac Corry. La session du parlement irlandais s’ouvrit le 22 janvier au milieu d’une vive agitation. Le discours de la couronne annonçait la mesure projetée. Il fallait qu’elle fût votée par le parlement anglais tout aussi bien que par le parlement irlandais, c’est-à-dire par les deux chambres des lords et les deux chambres des communes. Rien ne montre mieux combien était compliqué le système qu’il s’agissait d’abolir. Heureusement pour Pitt, le vote du parlement anglais n’était pas douteux. La discussion cependant fut très vive. Dans la chambre des communes, le premier ministre, secondé par son vieil ami Dundas et par un de ses jeunes lieutenans, George Canning, eut à lutter contre les plus vigoureux orateurs de l’opposition, à l’exception de Fox, qui ne venait plus aux séances. La majorité en faveur de la mesure projetée fut énorme. Un amendement présenté par Sheridan ne réunit que quinze voix. A la chambre des lords pareil succès. Il ne fut même pas nécessaire de passer au vote. La majorité n’était pas douteuse. Dans le parlement irlandais, les choses ne marchèrent pas aussi bien. A la chambre des lords on eut une faible majorité. A la chambre des communes, après un orageux débat qui ne dura pas moins de vingt et une heures, depuis quatre heures de l’après-midi jusqu’au lendemain une heure, le vote eut lieu au milieu d’une profonde anxiété. L’amendement proposé contre la mesure réunit 105 voix contre 106. La proclamation de