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Français 155. 700
Espagnols 92. 500
Italiens 25. 800
Maltais 14. 200
Allemands 5. 700
Autres nationalités 17. 500
Israélites francisés 33. 300
Population dite en bloc 8. 900
Total 353. 600

En laissant de côté les Israélites indigènes, francisés en masse par le décret de 1870, on arrive à un total d’environ 320,000 Européens, dont les Français forment à peu près la moitié[1]. cette proportion a peu varié depuis 1830, et les tableaux statistiques prouvent que l’élément français, — comme l’élément européen en général, — a toujours suivi une progression assez régulière, sauf l’arrêt momentané causé en 1849 par l’invasion du choléra, et l’accroissement plus accentué des dernières années, qui était dû d’abord à l’émigration alsacienne-lorraine, dirigée vers l’Algérie, puis aux nombreuses concessions de terres, accordées aux Français exclusivement après l’insurrection de 1871. Parmi les autres nationalités, les Espagnols ont pris depuis longtemps les devans, au point que, dans leur marche ascendante de plus en plus rapide, ils menacent d’atteindre l’élément français, qu’ils ont même déjà légèrement dépassé dans la province d’Oran, à la suite de l’immigration incessante qui se dirige vers cette province depuis les événemens de Carthagène (1873-1874). Les Italiens et les Maltais, qui affectionnent la province de Constantine, augmentent beaucoup plus lentement, et les Allemands semblent plutôt diminuer.

Dans les premières années qui ont suivi l’occupation de l’Algérie, l’accroissement de la population européenne était dû presque en entier à l’immigration ; il faut arriver en 1854 pour voir apparaître un faible excédant des naissances sur les décès. Depuis cette époque, la colonie est entrée dans cette phase de son développement où les décès ne dépassent plus les naissances, où celles-ci, au contraire, fournissent un appoint de jour en jour plus appréciable. Mais c’est ici qu’il importe de faire la part de chaque nationalité, afin de juger de la vitalité relative des diverses races qui essaient de prendre pied sur la terre africaine. Les documens qu’on possède ne permettent de faire ces distinctions que pour la période de 1853 à 1876, encore ne donnent-ils que la mortalité en bloc, tandis qu’il importerait de connaître les chiffres des décès par âges ; ils suffisent cependant pour nous faire une idée des chances de réussite sur lesquelles peuvent compter en Afrique les colons européens.

  1. La population en bloc comprend le personnel des établissemens, tels que prisons, hospices, lycées, chantiers, etc., où se trouvent réunis temporairement un certain nombre d’individus dont la nationalité n’est pas spécifiée.