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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/258

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richesses dans une intéressante notice, s’est trouvé, entre autres choses, un manteau de laine qui portait la trace de la bordure de fourrure dont il était relevé et que décorait un chapelet de têtes humaines figurées sur le fond de l’étoffe. Avec ce manteau, avaient été déposés une ceinture en soie brochée d’or d’un excellent tissu, deux bracelets également de soie et d’or. On a de plus recueilli dans la même sépulture des fragmens d’étoffe de soie et des paillettes d’or qui paraissent provenir d’un vêtement. Serait-ce là le produit de quelque pillage fait par les Vikings dans leurs expéditions sur le territoire de l’empire d’Occident ? C’est ce qu’on ne saurait supposer, car on a pu constater que les objets enfouis dans le tumulus de Maramen sont bien l’œuvre de l’industrie des Scandinaves, qui se procuraient par le commerce les matières premières, telles que la soie, qui leur manquaient.

Le commerce a certainement occupé une assez grande place dans l’existence des Vikings et l’on semble avoir mis trop exclusivement sur le compte de leurs expéditions de pirates les richesses dont ils étaient en possession. Il est constant que les populations de la Scandinavie ont entretenu dès une époque assez reculée d’actives relations commerciales avec l’Orient, d’où elles rapportaient nombre d’objets destinés à leur usage. On a découvert en Norvège et dans certaines îles de la Baltique, notamment dans celle de Bornholm, d’OEland et de Gottland, des amas de monnaies frappées par les princes abbassides de Bagdad et de la dynastie sassanide du Khorassan et du Sedjestan. Les plus anciennes d’entre elles remontent au milieu du VIIIe siècle. La présence de ces monnaies orientales suffit à prouver qu’un commerce assez actif existait dès le Xe siècle entre la région de la Baltique et l’Asie. Le caractère manifestement oriental qu’offrent des fibules ou agrafes d’argent, des anneaux généralement brisés et d’autres objets de parure qu’on rencontre associés aux monnaies ici rappelées confirment cette induction. C’est de l’Orient que les Scandinaves tiraient surtout l’argent destiné à être travaillé et dont l’emploi finit par prévaloir sur celui de l’or. D’autre part, la découverte de monnaies byzantines dans les pays scandinaves fournit la preuve que, dès le Ve et le VIe siècle de notre ère des relations commerciales existaient entre l’empire d’Orient et les pays que baigne la Baltique, relations qui, interrompues pendant quelques centaines d’années, reprirent une nouvelle activité au Xe et au XIe siècle. C’est certainement d’Orient, par exemple, ainsi que nous le disent les Sagas, que furent apportées les premières soieries brodées d’or dont aimaient à se parer les chefs vikings. Le trafic avec l’Orient prit un notable développement en certaines places du littoral de la Baltique, entre lesquelles il faut citer : Hedeby en Slesvig, où se réunirent jusqu’au XIIe siècle les