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LA
MORALE CONTEMPORAINE

II.[1]
LE POSITIVISME FRANÇAIS ET LA MORALE INDÉPENDANTE.

I. E. Littré, la Science au point de vue philosophique. — II. H. Taine, les Philosophes classiques en France, — L’Intelligence. — III. E. Vacherot, Essais de philosophie critique. — La Métaphysique et la Science.

La morale de l’évolution ne procède pas seulement de l’école utilitaire anglaise ; elle se rattache non moins intimement à l’école positiviste française, dont elle reproduit l’esprit et les tendances. Ne s’étonner de rien, ne s’indigner de rien, tout comprendre ; puis, quand on a compris, mettre à profit l’intelligence des lois pour gouverner les phénomènes, se prémunir contre le retour des actes nuisibles comme on se prémunit contre le feu et l’eau, assurer au contraire le retour des actions utiles comme on prépare celui des moissons qui nourriront l’humanité ; réaliser d’abord les principes pour obtenir les conséquences, et, si les effets ne répondent pas à l’attente, ne pas accuser les effets eux-mêmes, — choses ou hommes, — mais s’en prendre aux causes et les modifier ; rejeter ainsi le bien immuable des philosophes, se contenter du vrai, comme les

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.