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l’assemblée générale du clergé de France, qui se tenait alors à Paris.

En même temps, les curés de Rouen firent un appel aux curés de Paris et les prièrent de se joindre à eux, et ceux-ci à leur tour envoyèrent un avis à tous les curés de France, les invitant à leur adresser des pouvoirs en bonne forme pour les autoriser à agir aussi en leur nom, ce que firent en effet un grand nombre de curés des villes les plus considérables.

L’assemblée des curés de Paris fit alors examiner à son tour les livres des casuistes ; il en fut extrait trente-huit propositions, qui furent déférées le 26 novembre à l’assemblée générale du clergé, c’est-à-dire à l’épiscopat français ; car dans ces assemblées, les évêques seuls avaient voix délibérative sur les matières de foi et de doctrine. La haute assemblée évita de prononcer une condamnation, en déclarant que le temps lui manquait pour examiner. Mais elle fit réimprimer des Instructions pour les confesseurs, traduites de saint Charles Borromée, plusieurs évêques ayant représenté que ce livre serait très utile, « principalement en ce temps, où l’on voit avancer des maximes si pernicieuses et si contraires à celles de l’Évangile, et où il se commet tant d’abus en l’administration du sacrement de pénitence par la facilité et l’ignorance des confesseurs. » Ce sont les termes du procès- verbal de la séance du 1er février 1657, qui dit encore que ce livre pourra servir « comme d’une barrière pour arrêter le cours des opinions nouvelles qui vont à la destruction de la morale chrétienne. » C’était bien là déjà une espèce de condamnation.

Les jésuites payèrent d’audace et publièrent tout à la fin de cette année une Apologie des casuistes contre les calomnies des jansénistes, qui était un véritable défi à la conscience publique soulevée par les Provinciales : la dernière Provinciale avait paru le 24 mars, et elles avaient été toutes réunies en un volume. Ils avaient cru déconcerter leurs adversaires ; ils se trouvèrent bien loin de compte. Le 7 janvier 1658, l’assemblée des curés de Paris décida que le livre serait dénoncé d’une part aux vicaires-généraux qui administraient le diocèse de Paris en l’absence de l’archevêque (le cardinal de Retz exilé) ; de l’autre, aux gens du roi, qui seraient invités à en poursuivre la condamnation au parlement. En même temps, elle le déféra à la faculté de théologie. Le gouvernement arrêta les poursuites devant le parlement ; mais après une lutte prolongée, le livre fut censuré, à la fin d’octobre 1658, et par la faculté et par les vicaires-généraux. L’archevêque de Rouen et d’autres évêques prononcèrent aussi des censures.

C’est à cette affaire que se rattache une série de dix écrits, publiés au nom des curés de Paris, qui se lisent parmi les œuvres