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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/672

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convaincus, si l’on employait certains procédés qu’on a depuis longtemps dédaigneusement écartés, parce qu’ils n’avaient pas tout d’abord touché la perfection, mais dont l’industrie privée se trouve à merveille, pour avoir seulement pris la peine d’y apporter quelques améliorations bien simples. Voilà pourquoi nous demandons aux lecteurs de la Revue la permission de les entretenir d’un sujet qui ne se recommande point assurément par son caractère littéraire et poétique, mais qui n’en offre pas moins un sérieux intérêt. Ce n’est pas d’expériences de laboratoire que nous voulons parler. Nous désirons faire connaître des résultats acquis dans des proportions déjà vastes par la pratique quotidienne de procédés dont l’application plus générale serait, croyons-nous, aussi facile que la portée matérielle en serait considérable. Mais avant d’en venir à la solution, il convient de bien établir les termes du problème et d’examiner brièvement par quelles phases successives a passé la question.


I

Les égouts de Paris débitent, en vingt-quatre heures, une masse d’eaux vannes que dès aujourd’hui les documens officiels évaluent à 262,646 mètres cubes. On peut affirmer que ce chiffre, déjà colossal, montera jusqu’à 300,000 mètres cubes, lorsque, suivant les projets en cours, le volume des eaux distribuées pour les services publics et domestiques sera augmenté, lorsque les 420 kilomètres d’égouts qui restent à construire seront exécutés, lorsque enfin toutes les fosses d’aisances de la capitale devront, comme il est question de le prescrire, déverser directement dans l’égout leur contenu.

C’est dans la Seine que les deux collecteurs d’Asnières et de Saint-Denis précipitent cette trombe de boue liquide : le mot ne paraîtra pas trop fort, si l’on songe que chaque mètre cube d’eau d’égouts charrie plus de 2 kilogrammes et demi de matières suspendues ou dissoutes, et que les matières en suspension comptent dans ce total pour près d’un kilogramme et demi[1].

A quel point un pareil affluent doit infecter les eaux et envaser le lit de la Seine, ces chiffres seuls permettraient de s’en faire une idée. Deux phrases extraites d’un document officiel et par conséquent peu suspect d’exagération le feront mieux concevoir

  1. L’analyse officielle donne les chiffres suivans : Collecteur d’Asnières : matières organiques, 0k,733 ; matières minérales, 1k,594. Total, 2k,327. — Collecteur de Clichy : matières organiques, 1k,518 ; matières minérales, 1k,943. — Total, 3k, 461.