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longueur, qui, à raison de 0m,001 de vitesse par seconde, représente à peu près six heures de séjour dans le bassin, suffit à débarrasser l’eau de toutes les matières en suspension. Rien de plus simple assurément.

Peu à peu, on voit se dessiner dans la profondeur du bassin un talus de boue qui, au bout d’une semaine, affleure la surface de l’eau à l’entrée du bassin et, à la sortie, commence à peine à couvrir le fond. Dès lors ce bassin a produit son plein effet. Si l’on continuait à le faire fonctionner, il est évident que l’eau qui sortirait contiendrait encore de la boue en suspension, puisque déjà l’extrémité du fond commence à se salir. Il faut donc dans ce bassin arrêter l’opération. On ferme la vanne d’introduction de l’eau sale, on iride ce qui reste d’eau claire dans le bassin à l’aide d’un tuyau décanteur à bascule d’un fonctionnement très simple, et l’on met ainsi à nu le talus de boue provenant de la précipitation. Le fond du bassin offre une pente légère en sens contraire de la marche de l’eau. À l’extrémité de cette pente est ménagée une large soupape qu’on lève et par laquelle on fait aisément passer la boue, très liquide encore, dans un bassin inférieur, — le bassin d’égouttage, — de même contenance que le premier, et disposé de telle sorte que la surface supérieure est un peu au-dessous du fond du bassin de décantation.

Inutile d’ajouter qu’aussitôt la boue écoulée dans ce second bassin, on remet en fonction le bassin supérieur.

Les murs latéraux du bassin d’égouttage sont en maçonnerie étanche, mais, à la différence du premier, le fond en est rendu aussi perméable que possible. On le compose à cet effet d’une couche de mâchefer parfaitement drainée par une série de tuyaux qui débouchent dans un collecteur. Le rôle de ce fond perméable, ainsi construit, est capital dans l’opération. En effet, la difficulté de sécher les boues assez complètement pour les pouvoir enlever régulièrement et à bon marché a toujours été la pierre d’achoppement de tous les essais de purification des eaux par dépôt : c’est la principale objection sur laquelle se sont toujours fondés MM. les ingénieurs pour écarter a priori tout système de ce genre.

Or la boue liquide qui s’est étalée d’elle-même sur le fond perméable ne salit pas le mâchefer : elle en reste parfaitement isolée, tandis qu’à l’extrémité des drains, l’eau d’égouttage coule absolument claire. Si l’on suit le progrès de la dessiccation, on voit au bout de deux ou trois jours, suivant le temps, la boue se fendre d’abord sur quelques points, puis successivement dans toute l’étendue du bassin : elle prend l’aspect d’une carte de géographie. Au bout d’une semaine, elle a acquis assez de consistance pour se