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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/690

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découper à la pelle. On fait alors entrer dans le bassin un tombereau ou wagonnet, dont les roues glissent sur une double file de rails plats posés sur le mâchefer : en quelques heures, le bassin égoutteur est vide et prêt à recevoir immédiatement une nouvelle charge. Il ne faut pas oublier, en effet, nous insistons sur ce point, que dans cette opération d’égouttage, la boue ne se mélange nullement avec le mâchefer, qui forme filtre : il y a entre les deux isolement complet, et le mâchefer, au bout de dix opérations, est aussi propre que le premier jour.

Les boues égouttées, chargées dans les wagonnets à l’état de grosses mottes, sont transportées à peu de distance dans un chantier découvert où elles achèvent de se sécher à l’air, sans répandre d’ailleurs autour d’elles la moindre odeur. Elles contenaient en poids environ 75 pour 100 d’eau à la sortie du bassin : elles n’en contiennent plus que 15 à 20 pour 100 au bout de deux ou trois mois d’exposition.

Rien de plus simple, nous le répétons, que cette série d’opérations. Nous ajouterons : rien de moins encombrant. Tout le système effectivement, bassins de décantation, bassins d’égouttage, chantier découvert, chemins de circulation, occupe une superficie qui ne dépasse pas deux hectares pour arriver à la purification de 10,000 mètres cubes d’eau par vingt-quatre heures !

En présence d’un pareil chiffre et de pareils résultats, n’est-on pas fondé à faire un calcul bien simple et à dire que, si la ville de Paris, qui produit trente fois plus d’eaux sales que la papeterie d’Essonnes, soit 300,000 mètres cubes au lieu de 10,000, appliquait le même système sur une échelle trente fois plus grande, — ce qui, nous allons le voir, ne serait ni un grand effort ni une difficulté, — elle obtiendrait tout naturellement le même succès ?

Et quel obstacle pourrait s’y opposer ?

Serait-ce la nature des eaux d’égouts de Paris ? Sur ce point capital, nous sommes en mesure de prévenir toute objection. Nous nous sommes procuré une certaine quantité d’eau du grand collecteur d’Asnières. Cette eau, nous l’avons soumise absolument au même traitement que les eaux sales de la papeterie d’Essonnes : nous l’avons additionnée d’eau de chaux dans la proportion de 250 grammes de chaux pour un mètre cube d’eau. Nous avons eu la satisfaction de constater qu’avec cette dose, — et même avec des doses bien moindres, car nous avons répété l’expérience avec une proportion de 200 grammes et de 175 grammes de chaux, — la précipitation des matières se faisait de la façon la plus prompte et la plus complète. Au bout de quatre ou cinq heures au plus, l’eau était tout à fait clarifiée et limpide. Quant au dépôt, son analyse