Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/871

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se serait prononcée sur le principe même de la responsabilité, il proposerait le renvoi du bill à une commission spéciale qui en arrêterait la rédaction définitive ; mais la mollesse avec laquelle sir Stafford Northcote conduisait les travaux de la chambre n’avait même pas permis au bill de franchir cette étape préliminaire. Mû par un juste souci de sa popularité, le nouveau ministère prenait résolument cette question en main et annonçait la présentation, au nom du gouvernement, d’un bill dont il s’engageait, par conséquent, à poursuivre l’adoption.

Ainsi, une satisfaction était promise à tous les intérêts qui avaient joué un rôle dans la dernière élection générale ou qui pouvaient exercer une influence sur les élections suivantes ; et la modestie apparente de ce programme ne faisait que mieux ressortir l’habileté incontestable avec laquelle il avait été conçu. On ne pouvait en dire autant de la partie du discours royal consacrée à la politique coloniale et à la politique étrangère. Au sujet de l’Afghanistan, la reine exprimait le regret que le but poursuivi par son gouvernement n’eût pas encore été atteint ; et le discours royal continuait ainsi : « Mes efforts, néanmoins, seront incessamment dirigés vers la pacification de l’Afghanistan et vers l’établissement dans ce pays des institutions les plus propres à assurer l’indépendance des populations et à rétablir les relations d’amitié avec mon empire de l’Inde. » Mis en demeure d’expliquer la nature des relations que le gouvernement voulait avoir. avec l’Afghanistan, le nouveau ministre de l’Inde, le marquis de Hartington, répondit que le but à atteindre était l’établissement d’un souverain assez fort pour maintenir la tranquillité dans cette contrée et pour remplir les engagemens qu’il contracterait, et qui acceptât, dans ses rapports avec les états voisins, c’est-à-dire avec la Russie et la Perse, le contrôle et la direction des autorités anglo-indiennes. Il était impossible à un observateur impartial d’apercevoir la moindre différence entre ce programme des nouveaux ministres et la politique du précédent cabinet, si amèrement critiquée par eux quand ils étaient dans l’opposition. Aussi les orateurs du parti conservateur, en faisant remarquer cette identité, se déclarèrent-ils très satisfaits des explications de lord Hartington. Il était une question au sujet de laquelle M. Gladstone aurait pu, avec grand honneur pour lui-même et pour son parti, adopter une autre conduite que ses prédécesseurs. Bon nombre de libéraux sincères avaient blâmé l’annexion du Transvaal : il n’était contesté par personne que les Boers, à très peu d’exceptions près, ne veulent pas accepter la domination anglaise et ne céderont qu’à la force matérielle. L’Angleterre n’a aucun intérêt à leur imposer son autorité, et la destruction de l’empire zoulou