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à la médecine militaire plus de pharmaciens qu’il n’en faut. Quoi qu’il en soit, dans toutes les armées étrangères, le pharmacien, n’étant que l’aide du médecin, lui est subordonné comme tout le personnel du service de santé.

Je ne crois pas devoir parler des secours volontaire, et des sociétés que quelques personnes, regardent comme pouvant se substituer en temps de guerre à la chirurgie militaire. L’ignorance et la présomption, si elles ne les justifient pas, excusent bien des absurdités. La substitution, en tout ou en partie, des sociétés de secours à la chirurgie militaire pourra être discutée par un homme sérieux le jour où l’on proposera, sérieusement la suppression totale ou partielle de l’artillerie dans l’armée et son remplacement par les sociétés civiles d’artilleurs volontaires.

L’exposé sommaire de l’organisation de la médecine militaire dans les armées étrangères montre que, malgré les objections de ceux qui, ignorant ce qui existe ailleurs, substituent le raisonnement à l’expérience des faits, le service de santé militaire peut, pendant la paix comme pendant la guerre, être confié à la compétence et au dévouaient des médecins militaires. Mais nous pouvons nous demander si cette indépendance du corps médical a produit des résultats qui justifient l’autonomie accordée au corps de santé. C’est ce qui nous reste à examiner.

Les effets d’une bonne organisation doivent se faire sentir dans toutes les parties du service depuis le moment où le blessé tombe sur le champ de bataille, jusqu’au moment oui il trouve dans les soins éclairés des médecins la guérison de ses blessures. L’absence d’un service spécial de brancardiers, l’insuffisance numérique des soldats du forain, conducteurs de cacolets et de litières, rendent impossible, dans notre armée, l’enlèvement rapide des blessés tombés sur le champ de bataille. Nous ne parlerons pas de la dernière guerre, pour ce qui concerne la France, puisque presque partout l’ennemi étant resté en possession du champ de bataille, c’est à lui qu’incombait le soin de relever nos soldats blessés. En Italie, beaucoup de nos blessés de Solferino sont restés sans secours deux jours et quelques-uns trois jours sur le champ de bataille ; dans les armées allemande, autrichienne et russe, grâce au service des brancardiers de renfort choisis dans les régimens prenant part au combat, grâce aux compagnies d’infirmiers brancardiers, les blessés ont été aussitôt relevés. Chargé, après nos grandes batailles autour de Metz, d’aller en parlementaire réclamer dans les ambulances ennemies, soit nos blessés, soit même des médecins militaires prisonniers avec leur ambulance, nous avons été frappé de voir que quelques heures seulement après la bataille tous les blessés