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futur de notre domination dans le royaume de Pologne, et principalement dans les provinces occidentales. La population rurale) (selskoé naselenié) est notre seul appui. Les autres classes nous sont manifestement hostiles, oppriment (ougnetaiout) les paysans et s’efforcent de les soulever contre nous. Je fais ici tout ce qui est en mon pouvoir pour donner à la population rurale l’indépendance et le bien-être, et pour enlever aux propriétaires la possibilité de les opprimer : il semble que je commence à atteindre le résultat désiré. Les paysans le comprennent, et presque partout, dans les six provinces qui me sont confiées, ils prêtent, sans distinction de religion, leur concours au gouvernement pour dompter l’insurrection et l’émeute.

« Dans le royaume de Pologne, la chose est plus difficile, mais je ne la regarde pas comme impossible. J’ai déjà envoyé dans le gouvernement d’Augustof, confié à mon administration, une commission spéciale chargée de rédiger un projet pour arracher la population villageoise des mains des propriétaires, de leurs comptoirs et de leurs intendans, et en même temps pour modifier le système des taxes et redevances.

« Je ne sais si, dans la province d’Augustof, il me sera donné d’atteindre le résultat souhaité ; j’y consacrerai du moins tous les efforts possibles. Ce que je sais c’est que là aussi les paysans sont bien disposés pour nous. Il faut seulement mettre fin à la terreur (strakh) répandue dans les villages, parmi la population rurale, par les assassinats et les perquisitions du parti révolutionnaire dans les campagnes.

« Je souhaite ardemment que cette grave affaire de l’organisation des paysans, tant dans les provinces occidentales que dans le royaume de Pologne, nous permette d’assurer pleinement pour l’avenir notre domination en ce pays. Aussi ai-je appris avec joie que les propositions à faire dans ce dessein, pour le royaume de Pologne, avaient été confiées à Votre Excellence, car je suis fermement persuadé que, s’il est encore possible de faire quelque chose sous ce rapport, vous parviendrez à le faire.

« Nous devons marcher dans toute cette grave affaire la main dans la main ; pour moi, je vous offre en toute sincérité ma coopération. Nous ne désirons qu’une chose : l’avantage de la Russie ; et pour cette raison, je n’ai aucun doute que les divergences mêmes de vues qui pourraient s’élever entre nous ne nuiront pas à notre œuvre, mais ne serviront qu’à l’élucider.

« J’ai cru utile de vous communiquer tout ce qui est dit plus haut pour vous témoigner tout mon empressement à vous prêter mon concours dans la mesure de mon intelligence, et je reste convaincu que Votre Excellence se montrera aussi empressée à réunir