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différemment échue à l’Angleterre et à la France ; Retz a eu plus d’une fois de ces regards perçans, qui traversent toute l’histoire et qu’on n’oublie pas après en avoir aperçu la lumière.

L’épreuve des compositions écrites n’effraiera donc pas l’homme suffisamment instruit de l’histoire générale, puisqu’il sait qu’on ne lui demandera pas autre chose. Cette instruction suffisante, il faut bien qu’il la possède s’il veut enseigner, il convient évidemment que le professeur ait la possession familière et sûre d’un certain fonds de connaissances historiques. Cela seul lui peut fournir les termes de comparaison, matière de son jugement et de ses vues d’ensemble. Des lacunes trop nombreuses ou trop graves, un savoir trop incertain, lui créeraient dans sa chaire de réels embarras et nuiraient à son autorité morale. Il ne faut pas qu’en présence de ses élèves, en les interrogeant, en les exerçant, il puisse être pris au dépourvu, rester court ou laisser échapper de graves erreurs qu’ils apercevraient. Il y a là des nécessités professionnelles dont aucun système raisonnable ne saurait affranchir nos candidats. Mais, encore une fois, ce n’est pas sur toute l’histoire qu’ils peuvent être appelés à répondre, c’est seulement sur les grands épisodes et sur l’enchaînement, que nécessairement ils connaissent en une certaine mesure. Ce que leur mémoire peut leur opposer de lacunes regrettables est aisément compensé par les sérieuses qualités qui conviennent à de pareilles épreuves : la bonne exposition, l’appréciation saine et droite des suprêmes résultats. Quatre fois répétée, l’épreuve ainsi comprise offre aux concurrens les moyens et la nécessité même de se montrer tels qu’ils sont, avec leur degré de science acquise, avec toutes leurs qualités personnelles. — Ceux qui ont paru trop peu munis des connaissances nécessaires ou trop faibles pour les mettre en œuvre sont éliminés, et ne peuvent prendre part aux autres épreuves du concours : règle salutaire, mais qui s’applique avec une extrême réserve.

Toutes les épreuves suivantes sont orales et publiques. La première est d’un grand intérêt ; elle est de nature à plaire à tous les esprits, à mettre en lumière des qualités diverses, celles de l’enseignement secondaire et en même temps celle de l’enseignement supérieur, c’est-à-dire la science variée, l’érudition et la critique. Huit mois à l’avarice, des textes choisis parmi les historiens grecs, latins, français, ont été désignés : par exemple un livre de Strabon ou de Pausanias, de Tacite ou de Tite Live, de Villehardouin ou de Joinville, de Froissart ou de Comines, ou quelque ouvrage comme la Satire Ménippée, ou les chapitres du Siècle de Louis XIV de Voltaire qui traitent des lettres, des arts et des sciences, ou bien du Montesquieu, etc. Quelques pages de chacun de ces textes sont assignées, lors de la triple épreuve, à chacun des candidats, qui